Bogut, la caution baston des Warriors

Andrew Bogut est passé maître dans l'art de créer des embrouilles sur les parquets de la ligue. Tough, l'Australien est indispensable aux Warriors.

Bogut, la caution baston des Warriors

Le chef de file du basket made in Australia

"Ce serait génial d'être le second pays le plus représenté en NBA, ce devrait être l'un de nos objectifs". Andrew Bogut prend très au sérieux son rôle d'ambassadeur du basket australien. Puisque les Aussies ne sont que 4 dans la ligue (avec Patrick Mills, Aron Baynes et Matthew Dellavedova, et bientôt 5 avec le talentueux Dante Exum), autant que leur représentant le plus connu ait des caractéristiques particulières et ne passe pas inaperçu. C'est exactement ce que fait Bogut depuis son arrivée chez les Warriors. Blessé durant les premiers mois de son expérience dans la Bay Area, le numéro 1 de la Draft 2005 s'est réinventé et promeut un basket made in Down Under. Rétabli pour les playoffs la saison passée, l'intérieur de 29 ans a contaminé tout le groupe de Mark Jackson avec son goût du combat et sa hargne, au point d'être l'un des principaux responsables du surprenant parcours de Golden State jusqu'en demi-finale de Conférence. Ce sont davantage ses qualités de rebondeur et de contreur que l'on pouvait voir ponctuellement chez les Bucks, entre deux blessures fâcheuses au sein d'un groupe qui comptait quasi exclusivement sur lui pour atteindre les playoffs avant la Draft de Brandon Jennings. Aujourd'hui, Bogut n'est plus uniquement là pour faire le job classique dans la peinture. Aminci et très affûté, l'ancien universitaire d'Utah est devenu le spécialiste pour faire dégoupiller les adversaires et jouer des coudes en continu durant la demi-heure que lui offre traditionnellement son coach pour s'exprimer. [superquote pos="d"]Comme si son contrat stipulait qu'il devait provoquer une échauffourée par mois minimum.[/superquote] Depuis le début de la saison, le natif de Melbourne est constamment impliqué dans des accrochages, des prises de bec et des débuts de mêlées. Même quand il n'a rien demandé, comme avec le rookie néo-zélandais Steven Adams, lancé dans une vendetta contre les Australiens comme il l'avait expliqué voilà quelques semaines. Bogut a toujours été considéré comme un joueur plutôt tough, mais c'est un peu comme s'il s'était donné pour mission de rentrer dans la tête (et dans le lard) de tous ses vis-à-vis. Comme si le contrat qu'il avait signé l'été dernier comportait une clause stipulant qu'il devait impérativement provoquer une échauffourée par mois.

Ses frasques de la saison

- Le 31 octobre : DeAndre Jordan sort de ses gonds. Le pivot des Clippers ne supporte pas le jeu de mains de son adversaire qui lui sort un marquage à la culotte des plus tenaces et le rejette. Début d'embrouille à la footeux, du type : "Je te pousse, tu me pousses. C'est bon, les autres arrivent, on peut arrêter de se pousser". [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=8hoIRSPUacs[/youtube] - Le 23 novembre : Andrew Bogut se dit que l'Anglais Joel Freeland a l'air vulnérable et s'amuse à lui tirer le maillot sous le panier pour l'empêcher de jouer le ballon. Histoire de montrer la solidarité qui règne à Rip City, Wesley Matthews, Mo Williams, LaMarcus Aldridge et compagnie déboulent instantanément pour en découdre. Williams est chaud comme la braise et empoigne l'Australien, qui ne se laisse pas faire. Un match de suspension pour les deux. [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=uK7jKi-9VtU[/youtube] - Le 25 décembre : Bogut remet ça contre les Clippers mais en titillant cette fois Blake Griffin, dont il sait qu'il cherche à prouver qu'il n'est pas soft. Rien de phénoménal en dehors de quelques câlins un peu francs, mais la mission est réussie : Griffin prend sa deuxième technique et ne joue pas la fin de ce match remporté par les Warriors. Une fois le coup de sifflet donné, il n'est pas loin d'une nouvelle altercation, avec Chris Paul cette fois. [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=_yGJzGaeTMc[/youtube] Indirectement traité de lâché par Griffin, qui maintient qu'il n'aurait pas dû être éjecté, Bogut n'a pas hésité à déclarer qu'il "voulait bien être traité de lâche si son équipe gagnait à la fin". Toutefois, il se revendique plus comme un guerrier que comme un embrouilleur professionnel.
"Je ne fais pas de trashtalk. Contrairement à certains, je n'ai pas dit un mot à qui que ce soit l'autre soir. S'il y a besoin de jouer physique, je suis ravi de pouvoir amener ça, mais je ne cherche jamais les altercations. Malheureusement, il y a eu quelques accrochages contre les Clippers. C'était du basket de playoffs, on se bat tous les deux pour la même chose : aller en post-saison et y faire du bruit".

Franc-parler et esprit d'équipe

En dehors de ce côté bagarreur et provocateur forcément agaçant pour les équipes adverses, Andrew Bogut reste un coéquipier modèle et à la mentalité plutôt irréprochable. Après avoir signé un nouveau contrat avec les Warriors, le #12 s'était montré franc et beau joueur.
"J'aurais probablement pu gagner trois ou quatre millions de plus ailleurs. Mais à un moment tu te dis : 'C'est assez'. J'aime avoir mes repères et je ne souhaitais pas passer cette saison en entendant parler d'un trade. Est ce que j'aurais aimé avoir plus d'argent ? Oui. Les Warriors auraient-ils aimé payer moins ? Oui. Mais le deal est juste. Jamais je ne serais allé frapper à leur porte pour les menacer de partir", avait-il expliqué dans USA Today.
Même honnêteté au moment d'évoquer les rumeurs qui annonçaient les Warriors dans la course à la signature de Dwight Howard. Certains auraient pu prendre la mouche, Andrew Bogut s'est montré pragmatique.
"Dwight est un potentiel Hall of Famer et le meilleur pivot de la ligue. Si j'avais été GM, j'aurais probablement essayé de le faire signer aussi. Est-ce que ça m'a contrarié ? Oui, un peu, mais c'est le business. Je ne l'ai pas pris personnellement et je n'y pense plus. La franchise m'a montré qu'elle avait foi en moi".
Et pour le moment, même si Golden State est encore un cran en-dessous de ses attentes au tiers de la saison, l'Australien s'est montré plutôt digne de cette confiance. C'est une fois la saison régulière terminée que la dureté dont auront besoin ses coéquipiers devrait transpirer encore un peu plus d'Andrew Bogut. Andrew Bogut, ce n'est pas que de la castagne. C'est aussi ça. [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=GXDn98o3Xmw[/youtube] [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=CFpP8QJ4DU0[/youtube]