Quel bonheur ! Comme face au Canada (82-73) lors des quarts de finale, l'équipe de France a sorti les muscles pour dominer l'Allemagne (73-69) ce jeudi à l'occasion des demi-finales des Jeux Olympiques de Paris 2024. Une superbe revanche pour les Bleus après la gifle reçue face aux Allemands (71-85) le 2 août.
Et justement, comment expliquer les deux visages totalement différents affichés par les Tricolores en moins de 6 jours face à la même sélection ? Comment une équipe poussive et décevante pendant la phase de groupes à Lille s'est transformée en collectif agressif et solidaire pour la phase finale à Paris ?
En interne, les vérités ont fusé. Peut-être grâce notamment à la sortie forte d'Evan Fournier sur le jeu français...
Des discussions "intenses" dans le groupe
Et pourtant, il y avait de gros doutes à avoir sur l'impact "positif" des déclarations de Fournier. Publiquement, le sélectionneur Vincent Collet lui avait répondu sèchement. Et on craignait clairement le pire, avec potentiellement des sanctions pour le joueur.
Mais non. Cette histoire a été gérée avec intelligence. Peut-être pas dans la forme avec un échange médiatique avant une discussion interne. Mais clairement dans le fond. Car si le rôle de Fournier a évolué sportivement, il n'a pas été sanctionné. Et surtout, ses propos ont peut-être provoqué un électrochoc.
En tout cas, dans le vestiaire, il a suscité des échanges. Et c'est un point de départ pour expliquer la transformation de cette équipe.
"La différence ? C’est notre cœur. Vous savez, on a eu une campagne compliquée... Une préparation compliquée, on se cherchait, on sort d’un Mondial qui n’est pas bon clairement, on a eu du mal à se trouver...
Et je ne vais pas vous mentir : il s’est passé quelque chose, intérieurement les choses ont changé chez nous. Depuis c’est tout droit", a apprécié Fournier au micro de France 2.
Car entre les deux versions des Bleus, Lille et Paris, c'est le jour et la nuit. Amorphe dans le Nord, cette équipe s'est révoltée dans la capitale. Comme si les JO, à la maison, avaient enfin débuté ! Une vraie prise de conscience collective.
Grâce à des échanges "intenses", mais aussi à l'engouement d'être (enfin) au cœur des JO à Paris.
"Tout le monde est présent, tout le monde est intense, tout le monde joue. Et c’est génial, c’est génial ! La défense ? Vincent Collet le dit depuis des semaines ! C’était à nous les joueurs de le faire. C’était à nous !
Le basket français a besoin d’un gros coup de pied au cul, je suis désolé. Quand tu as pris un gros coup de pied au cul, comme on a connu la semaine dernière, on s’est regroupé et on s’est dit les choses. C’était intense hein. Ce qu’on a eu entre nous, c’était intense. Mais il fallait se demander : qu’est-ce qu’on veut ?
De Lille, on voyait ce qu’il se passait. On ne pouvait pas être la seule équipe... On voyait la natation, le judo, le BMX, tous les sports... En arrivant ici, on a senti la magie, on a senti l’effervescence. Et c’est génial ce qu’il se passe", a savouré Nicolas Batum.
Mentalement, il y a donc eu un déclic évident. Mais il ne s'agit bien évidemment pas de la seule explication...
Héroïques, les Bleus renversent l’Allemagne et arrachent leur place en finale
Les choix forts sportifs continuent de payer
Car sur le plan sportif, il faut bien évidemment souligner les excellents choix de Collet. Oui, il était logique de le critiquer pour certaines orientations et décisions pendant la préparation et le début de ce tournoi olympique. Mais il a eu le cran et le courage de faire des changements forts. Le tout sans renier ses principes.
Depuis plusieurs semaines, Collet a choisi un style : la défense. Et il n'a pas changé. Mais il a su évoluer. Dans son 5 majeur tout d'abord. Propulsé titulaire, Isaïa Cordinier a pris une dimension absolument exceptionnelle. Tout comme Guerschon Yabusele, le meilleur joueur de cette équipe sans le moindre doute.
Et même si certains choix ont été plus ou moins forcés, on peut penser au temps de jeu plus faible de Rudy Gobert pour sa blessure au doigt, le sélectionneur a su s'adapter. Même pendant cette rencontre face aux Allemands. Face aux options choisies par l'équipe adverse, il a su répondre.
On pense aux bons passages de Frank Ntilikina, de Matthew Strazel ou même d'Andrew Albicy. Sans oublier l'impact XXL d'un Mathias Lessort tellement essentiel dans l'agressivité.
"Je n’arrête pas le dire : mais c’est une victoire d’équipe encore une fois. Ils sont venus avec la même intensité et ils ont pensé qu’ils pouvaient encore nous marcher dessus. On a eu un peu de temps à se mettre en roule, mais voilà.
On montre encore aujourd’hui, quand on joue comme ça, on regarde tout le monde dans les yeux", a résumé Cordinier.
En résumé, ils sont transformés. Il y a des explications, mais on a aussi envie de tomber dans l'irrationnel. En l'espace de quelques semaines, les sentiments vécus ont été tellement opposés. Le groupe tricolore a quasiment tout connu. Le soulagement, la déception, la colère et maintenant la joie.
Et si on prenait rendez-vous samedi, face à la Team USA ou à la Serbie, pour connaître l'extase ? Avec les Bleus de Paris, le rêve doré est permis...