Bill Russell n'est plus de ce monde depuis dimanche et la NBA est orpheline de son plus grand champion. Au-delà de l'être humain exceptionnel, il y avait aussi le joueur de basket, qui a incarné le concept de culture de la gagne. Dans le débat du GOAT, Russell est généralement pénalisé par le fait que très peu de gens intéressés par cette question l'ont réellement vu jouer au-delà de vidéos Youtube.
Du coup, la conclusion est généralement : "c'est un monstre sacré et sans doute à jamais le joueur le plus titré de l'histoire, mais PAS le GOAT, parce qu'il n'a pas eu à gérer la même concurrence que d'autres légendes quelques décennies plus tard". C'est possible, même si Wilt Chamberlain ou Bob Pettit, entre autres, ont été des phénomènes en leur temps et ont posé des problèmes - certes relatifs - au pivot mythique des Boston Celtics.
Il y a toutefois un argument qui permet au moins de maintenir Bill Russell très, très haut dans ces classements théoriques de grandeur dont on aime tant débattre.
Bill Russell est mort, la NBA pleure une légende sans égale
Plus que Michael Jordan, LeBron James ou quiconque qui aspire à ce titre de GOAT, Russell était un winner. Et peut-être même le winner ultime, au-delà du strict nombre de titres - 11 - qu'il a réussi à gagner dans le Massachusetts. Une statistique, relevée depuis le début de sa carrière à l'université de San Francisco et comprenant également ses campagnes avec Team USA, est édifiante.
Bill Russell a disputé 21 matches "décisifs" ou "d'appui" dans sa carrière. Par décisif et d'appui, on entend :
- un game 7 ou un game 5 (pour les séries au meilleur des cinq)
- un match de phase finale en Tournoi NCAA ou dans une compétition internationale qui implique une élimination directe
Sur ces 21 matches où il n'y avait pas la possibilité d'une autre rencontre derrière, Bill Russell en a gagné... 21. Tous. Sans exception. Que ce soit avec les Celtics, Team USA ou San Francisco, celui qui possède une statue bien méritée à Bean Town répondait toujours présent au plus fort de la pression. Qui plus est dans un contexte social extrêmement anxiogène - euphémisme - pour les Afro-Américains.
C'est tout bonnement prodigieux, indépendamment du niveau que l'on peut prêter à ses adversaires à chaque fois.
La seule fois où Bill Russell a connu la défaite en Finales NBA, c'était en 1958, face aux Saint Louis Hawks de Bob Pettit. Il n'y avait pas eu à aller jusqu'à un match d'appui, puisque les Hawks avaient profité de la blessure de Russell sur trois des matches de la série pour l'emporter sans trop de difficultés.