À l’opposé complet de son coéquipier Victor Wembanyama, personne n’avait vu venir Bilal Coulibaly. Comme une analogie de son style de jeu explosif et spontané, le Français de 18 ans a pris le monde du basket par surprise. D’abord en début de saison, en rejoignant le groupe de Vincent Collet chez les professionnels, puis en s’y montrant redoutable. Ensuite en annonçant sa participation à la draft NBA 2023, avant d’y être sélectionné en septième position par les Washington Wizards.
Il est devenu, ce jeudi, le deuxième talent tricolore sélectionné le plus haut de l’histoire, à égalité avec Killian Hayes en 2020. Et il lui a fallu changer de casquette en cours d’interview, après avoir été choisi par les Pacers et aussitôt transféré dans la capitale, où il constituait une cible prioritaire.
Le joueur des Metropolitans 92 est monté crescendo, passant d’inconnu du public à prospect de premier plan. Comme par magie. Le trésor caché du Championnat est désormais à la vue de tous, sur la plus grande scène du monde, où on ne l’attendait pas de sitôt. Une place qu’il a méritée en saisissant une opportunité unique de se montrer sous les projecteurs de Boulogne-Levallois.
L’explosion de Bilal Coulibaly
C’est à l’été 2022, alors qu’un contingent américain mené par Bronny James venait défier une formation de talents tricolores, que Coulibaly a commencé à se révéler. Les regards de la planète basket, d’abord tournés vers le fils de LeBron James, se sont arrêtés sur l’Altoséquanais pour la première fois. Nommé MVP de la rencontre — sans enjeu — en raison de ses 26 points et de sa défense solide sur la star venue d’outre-Atlantique, il a mis un pied dans la porte.
Dominant chez les Espoirs en début d’exercice (21 points de moyenne), l’ailier a fait un nouveau saut au mois de janvier, en rejoignant l’équipe professionnelle. À partir de là, il n’a cessé de monter, monter et encore monter.
Wembanyama s’enflamme pour Bilal Coulibaly, « au moins top 5 de la Draft »
Jugé trop brut pour jouer en Betclic Élite au lancement de la saison, la progression de Bilal Coulibaly a été fulgurante. Et il n’aurait pu rêver meilleure plateforme pour attirer l’attention des recruteurs qu’aux côtés de Victor Wembanyama — avec qui il avait déjà partagé le terrain en U13, avec la sélection des Hauts-de-Seine.
« Ma confiance a grandi au fur et à mesure que les opportunités se sont présentées », a-t-il lui-même raconté à ESPN, le mois dernier. « Je travaille sur tout pour être un joueur aussi complet que possible. »
De la dynamite dans les jambes et un potentiel envoûtant
Ce qui a permis à la pépite de 18 ans de s’imposer dans la rotation de Vincent Collet, jusqu’à obtenir un rôle de premier plan en playoffs, est avant tout sa défense. Il s’est illustré tout au long de l’année par son activité très intense de ce côté du terrain. Sa rapidité, ses longs bras (2,19 m d’envergure) et ses qualités athlétiques hors du commun constituant des armes affutées dans ce cadre.
« Quand je vois le top 10 des prospects annoncés à la Draft, et par exemple les jumeaux Amen et Ausar Thompson, dont le profil est similaire à celui de Bilal… Je me dis très factuellement que si ces deux joueurs sont annoncés dans les cinq premiers choix alors qu’ils jouent dans une ligue, l’Overtime Elite, dont le niveau est à des années-lumière de ce que l’on vit ici, alors Bilal doit être au moins top 5. Il est plus grand, au moins aussi athlétique, il a une plus grande envergure, shoote mieux… », a notamment assuré Wembanyama.
Bilal Coulibaly apparaît comme une teigne, qui devrait être capable de couvrir plusieurs postes — une qualité très recherchée en NBA. Il l’a déjà fait en France, où on l’a vu défendre une multitude de profils. Un bel entrainement avant le défi bien plus relevé qui l’attend à Washington l’année prochaine.
Offensivement, le natif de Saint-Cloud est un véritable marsupilami. Il fait souvent les bonnes coupes, à une vitesse folle, qu’il ponctue régulièrement avec des sauts et des dunks qui composent ensuite de merveilleux highlights. Ses qualités athlétiques et physiques constituent pour le moment sa carte de visite, et elles ont visiblement séduit les Wizards.
Le reste de sa palette se développe doucement. Il s’est très peu montré en attaque, avec un rôle très limité, mais laisse entrevoir un certain potentiel. Son tir et son playmaking sont en travaux, mais le chantier progresse.
Un diamant brut, qui demande de la patience
Né en juillet 2004, Bilal Coulibaly est, à 18 ans, l’un des plus jeunes joueurs de cette cuvée de draft. Malgré son potentiel intrigant, il ne semble pas prêt à avoir un impact immédiat dans la ligue nord-américaine. Les Wizards l’ont sélectionné en ayant conscience qu’ils devront se montrer patients avec lui. Il lui faut un environnement adapté à ce diamant brut afin qu’il puisse être poli et réaliser son grand potentiel.
La franchise de la capitale tourne une page de son histoire, avec un nouveau front office et plusieurs transferts (Bradley Beal, Kristaps Porzingis, Chris Paul…) ayant complètement changé la face de l’effectif. Le Français, au plafond qui semble très élevé, est le genre de joyaux qu’ils pouvaient convoiter pour avancer dans leur reconstruction. Ils pourront lui donner le temps et l’espace dont il a besoin pour potentiellement rayonner.
Chris Paul aux Warriors avec un Jordan Poole envoyé aux Wizards !
Coulibaly a-t-il les épaules pour devenir le visage du projet ? La plupart des prospects ne présentent pas ce genre de garanties. Encore moins le tout jeune ailier qui a tardivement explosé et dont l’avenir demeure incertain. Sa place dans la draft est un clair signe de confiance. Et la réponse pourrait venir vite dans un contexte dans lequel il dispose de tant de responsabilités.
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