Le « Big Three » des Wolves, un trio unique dans l’histoire

Andrew Wiggins, Karl-Anthony Towns et Zach LaVine peuvent devenir les trois premiers coéquipiers de 22 ans ou moins à terminer une saison avec plus de 20 points par match.

Le « Big Three » des Wolves, un trio unique dans l’histoire
On entend beaucoup parler de « Big Three » depuis quelques années. La notion est entrée dans la conscience collective des fans et des acteurs de la NBA : pour gagner, il faut au moins deux des vingt meilleurs joueurs du monde et au moins trois cadres, trois stars, ou plutôt trois options offensives. Les meilleures défenses de la ligue ont les atouts pour stopper, ou plutôt ralentir, deux attaquants doués. Mais trois ? La tâche devient nettement plus compliquée. Trois équipes peuvent compter sur trois joueurs à plus de 20 points par match cette saison. C’est sans surprise que l’on retrouve les Golden State Warriors (Kevin Durant, Stephen Curry et Klay Thompson) et les Cleveland Cavaliers (LeBron James, Kyrie Irving et Kevin Love), les deux derniers finalistes NBA et les deux principaux – uniques ? – favoris pour le titre. Plus surprenant, les Minnesota Timberwolves se joignent aux armadas les plus redoutables du championnat. - Karl-Anthony Towns : 22,3 ppg à 47% aux tirs, 34% à 3-pts, 11,1 rbds et 1,4 block - Andrew Wiggins : 22 ppg à 43% aux tirs, 38% à 3-pts, 4,3 rbds et 2,4 pds - Zach LaVine : 20,8 ppg à 47% aux tirs, 38% à 3-pts, 3,1 rbds et 3,2 pds Les trois jeunes stars des Wolves ont une particularité : ils sont les trois meilleurs scoreurs NBA parmi les joueurs de moins de 22 ans et ils sont les trois premiers coéquipiers de 22 ans ou moins à cumuler plus de 20 points par match. Ce serait donc une saison historique pour la franchise et son « Big Three » en devenir si jamais LaVine, Wiggins et Towns venaient à garder le cap, et ce malgré les résultats décevants de la franchise pour l’instant installée à la treizième place de la Conférence Ouest avec huit victoires en vingt-sept matches. Récemment, seuls les Los Angeles Clippers et le Oklahoma City Thunder comptaient dans leurs rangs deux – et non trois – scoreurs de moins de 22 ans. Les Californiens ont joué une saison avec Eric Gordon et Blake Griffin (tous les deux à plus de 22 ppg) avant que le premier soit échangé contre Chris Paul dans la foulée. Russell Westbrook et KD ont eux aussi dépassé ensemble la barre symbolique des 20 pions avant leur 22 printemps. Mais pas James Harden. Plusieurs franchises ont déjà essayé de se construire autour de trois machines à scorer. La plus célèbre étant sans doute les Denver Nuggets. Avec trois artilleurs comme Dan Issel, Alex English et David Thompson (remplacé par Kiki Vandeweghe au bout de deux ans), l’équipe des Rocheuses a réussi pareil exploit quatre saisons de suite ! Les Sonics, les Suns ou encore les Lakers ont eux aussi pu compter sur des trios extrêmement prolifiques. Les Warriors en ont connu même plusieurs, du Run TMC à Baron Davis, Monta Ellis et Stephen Jackson. Mais la plupart de ces formations n’ont pas gagné de titre. Les Timberwolves sont loin du sacre, ou même des playoffs, mais ils ont un potentiel dingue.

Karl-Anthony Towns, le chef de meute

A Minnesota, tout commence avec le premier choix de la draft 2015. Il est déjà l’un des vingt meilleurs joueurs NBA, même s’il apprend encore les ficelles du métier. Il est devenu le plus jeune joueur de l’histoire des Wolves à dépasser la barre des 40 points. Un exploit non négligeable étant donné que la franchise a connu quelques jeunes cracks comme Kevin Garnett, Kevin Love, Stephon Marbury… mais aussi Al Jefferson et Michael Beasley. KAT est le joueur le plus prometteur de la bande (le plus jeune aussi). Plus encore, il incarne le futur de cette ligue qui veut conserver l’esprit du small ball en mettant des joueurs de plus en plus grands, de plus en plus polyvalents et de plus en plus athlétiques sur le terrain. Il a 21 ans mais il sait déjà tout faire : post-up, face-up, crossovers, shoots à trois-points, courir, passer, driver, défendre. Il a 21 ans mais il a déjà accumulé de l’expérience en jouant avec la sélection dominicaine alors qu’il était encore au lycée.
« Je suis vieux. J’ai 21 ans mais j’ai de l’expérience. J’ai l’impression d’avoir 60 ans », plaisantait le natif du New Jersey.
Déjà un habitué du 20-10, l’intérieur peut être aligné dans n’importe quelle lineup. Il peut protéger le cercle et tenir le choc contre des pivots lourds ou courir après des joueurs plus rapides loin du cercle. C’est un diamant qui commence seulement à montrer l’étendue de ses possibilités. Avec Towns, les Wolves ont mis la main sur un champion en puissance. Pas seulement sur le terrain, mais aussi dans l’attitude (Cf : REVERSE #60). Il est charismatique, intelligent, mâture, bien éduqué, humble et travailleur. Le package intégral.

Andrew Wiggins, un T-Mac 2.0

S’il y a bien un qui peut se réjouir de la présence de Towns, c’est Andrew Wiggins. Prodige depuis le lycée, le Canadien ne faisait cependant pas l’unanimité auprès des scouts. Certains craignaient que sa nonchalance, ou ce qui y ressemble, soit le signe de l’absence du « killer instinct » pour le jeune homme. Autrement dit, aussi talentueux soit-il, les observateurs voyaient en lui un futur lieutenant de luxe, un All-Star et éventuellement un futur top 10 player mais pas un Franchise Player A++, pas une superstar capable de mener une équipe au titre. Et ce n’est pas une honte. Après tout, pour l’instant, il n’y a que trois ou quatre joueurs capables de réellement porter leur organisation vers les sommets des sommets. De quoi rappeler Tracy McGrady, à qui il a souvent été comparé. Certains, comme David Fizdale, le coach des Memphis Grizzlies, préfère évoquer Kobe Bryant mais Wiggins n’a pas le même regard assassin quand il joue, en tout cas pas encore. Comme ses deux glorieux aînés, le premier choix de la draft 2014 excelle en isolation. Il a l’art de provoquer des fautes quand il attaque le cercle (6,7 lancers tirés par match) et il a nettement progressé derrière l’arc depuis le coup d’envoi de la saison. Avec Towns, Wiggins a de quoi former le duo « one-two punch » le plus dominant depuis Shaq et Kobe ou… T-Mac et Yao, les blessures en moins.

Zach LaVine, bien plus qu’un simple dunkeur

L’évolution la plus surprenante des trois, car la moins attendue donc, est certainement celle de LaVine. Il est utilisé aux Wolves dans un registre à la Klay Thompson ou J.J. Redick – toutes proportions gardées – avec beaucoup de coupes, de mouvements sans ballon et de catch-and-shoot. Et il le fait très bien. Perdu sous les ordres de Sam Mitchell, le dunkeur le plus dingue de la NBA renaît depuis qu’il est enfin placé à son poste, celui d’arrière. La mène mettait en lumière ses lacunes fondamentales mais il a appris et il a développé un tir extérieur fiable qui font de lui un atout offensif de poids, surtout aux Wolves. Il est intéressant de suivre le développement du jeune californien mais il semble de plus en plus sûr qu’il devienne un vrai joueur de basket et non pas un simple marsupilami. Les trois stars en devenir vont maintenant grandir ensemble. Car le terme « Big Three » est peut-être un peu exagéré dans leur cas. Dans les faits, ils sont prometteurs mais ne font pas gagner leur équipe.
« Nous sommes encore jeunes. C’est ma deuxième saison NBA et c’est leur troisième », explique Karl-Anthony Towns. « Nous sommes encore des bébés dans cette ligue. »
Les attentes sont pourtant déjà grandes. De nombreux analystes imaginaient les Timberwolves se mêler à la lutte aux playoffs en début de saison. Une théorie un peu trop hâtive qui en dit long sur le potentiel des trois larrons. Les résultats actuels viennent rappeler qu’ils sont encore très jeunes. Ils ont beaucoup à apprendre. Mais le management peut envisager l’avenir sereinement. Les Wolves n’ont peut-être pas encore un « vrai Big Three » mais leur trio a les bases pour révolutionner la ligue un jour ou l’autre.