Chaque année, au moment de la reprise, c’est la même histoire. Des journalistes se pensent malins et marrants en demandant à Ben Simmons : « alors, tu vas tenter combien de tirs extérieurs cette saison ? » La question n’a pas de sens même pour un autre joueur. Comme si donner un chiffre s’avérait pertinent. Mais dans le cas de l’Australien, il s’agit évidemment d’un coup de provoc. Une manière de le mettre encore et toujours devant cette fameuse lacune qui serait la plus grande faille de son jeu.
Ben Simmons, une star sans shooter
Pourtant, ramener constamment Simmons à son adresse lointaine est un sérieux manque de compréhension du profil du bonhomme, de ses forces, de ses atouts, et de ses vraies faiblesses. Steve Nash, qui s’y connait pour le coup un peu en basketball, n’a pas pu s’empêcher de prendre la fameuse question, de la plier en mille morceaux et de la renvoyer dans la tronche des reporters présents avec lui en conférence de presse.
« Je m’en fous si Ben Simmons ne prend jamais un seul tir », balance le coach canadien. « C’est un joueur vraiment unique, polyvalent. C’est ça qui le rend exceptionnel. C’est pour ça que je m’en fous s’il ne tente jamais sa chance de loin avec les Brooklyn Nets. Il peut le faire s’il veut mais ce n’est pas ce qui le rend spécial et ce n’est pas ce dont nous avons besoin. C’est un super complément pour notre équipe et c’est un joueur incroyable en raison de sa polyvalence. »
Merci. Le joueur, qui a vécu des moments difficiles depuis plus d’un an, appréciera sans doute les mots de son coach. Lui-même s’est souvent senti incompris. Il sait qu’il peut briller autrement qu’en mettant des trois-points ou des jump shots. Il l’a déjà prouvé et dès sa saison rookie, quand Joel Embiid restait sur la touche, blessé.
Il jouait alors entouré de quatre bons tireurs à trois-points. Et ça cavalait. Cette équipe, que Simmons met souvent en avant, faisait finalement meilleure figure que toutes les associations entre les deux stars des Philadelphia Sixers (sauf quand Jimmy Butler s’est brièvement greffé au duo). Mais la franchise de Pennsylvanie s’est entêtée à vouloir conserver les deux le plus longtemps possible, même si c’est compréhensible.
Les Brooklyn Nets ont déjà un paquet de snipers
Ils n’étaient pas complémentaires et nous l’avons très tôt mis en avant. Là, oui, l’adresse de Ben Simmons pouvait poser problème puisque Joel Embiid et lui se marchaient sur les pieds. Son rôle sera différent aux Nets. Kevin Durant et Kyrie Irving sont déjà là pour prendre des trois-points. Joe Harris, Seth Curry, TJ Warren, Royce O’Neal et Cam Thomas aussi. Il n’aura pas besoin de le faire.
Il va déjà amener sa défense. Ses rebonds. Son playmaking en transition. Sur attaque placée, il peut poser des écrans. Couper dans le dos de la défense. Couper sur des pin downs. Jouer en short roll. Jouer près du cercle dans un cinq small ball. C’est l’ère du small ball ! Il va avoir un rôle tantôt à la Draymond Green, tantôt à la Dejounte Murray. Pas besoin de tirer à trois.
Par contre, le bonhomme doit effectivement bosser son tir mais pas n’importe lequel : le lancer-franc. Il ne peut plus se permettre de flipper sur la ligne ou même de passer des bonnes positions par peur qu’il y ait faute sur lui. Ben Simmons doit punir aux lancers. Surtout s’il joue de plus en plus près du cercle. C’est ça la clé. Le reste, c’est de la branlette intellectuel.