La nouvelle cuvée de rookies n’a pas joué depuis plus d’une semaine qu’elle semble déjà beaucoup plus forte que celle de l’an dernier. Sans doute parce que la draft 2017 paraît plus profonde et bien plus fournie en talents que la promotion 2016. Et pourtant, aucun des joueurs sélectionnés au premier tour cette année ne jouissait du statut de « can’t miss prospect ». Ce fameux titre honorifique, abstrait, réservé aux jeunes joueurs pour qui l’accession future au statut de superstar paraît inévitable. Les Kyrie Irving, les Anthony Davis, les Karl-Anthony Towns. Les Ben Simmons. La draft 2016 a beau être bien plus faible, elle a au moins le luxe de compter parmi ses représentants un joueur qui faisait l’unanimité avant même de poser les pieds en NBA.
C’est ironique mais Simmons, auteur d’une saison blanche l’an passé, est candidat au ROY au même titre que les joueurs piochés en juin dernier. Symbole de cette différence entre une cuvée forte mais sans « can’t miss prospect » et une cuvée légère porté par un seul homme : Markelle Fultz, premier choix en 2017, est complètement à côté de la masse pendant que son coéquipier fait exploser les compteurs.
Cette nuit, les Philadelphia Sixers ont décroché leur première victoire de la saison après trois revers de suite. Fultz, gêné par son épaule, a continué sa descente aux enfers en compilant, 2 points, 2 rebonds, 3 passes et 3 ballons perdus en 16 minutes. Ben Simmons, lui, postait son premier triple-double en carrière. Après seulement quatre matches. 21 points, 12 rebonds et 10 passes. C’est à peine si la performance surprend. Après trois double-doubles de suite, il était presque logique que le joueur de 21 ans finisse par claquer le triple.
Statistiquement parlant, c’est donc un départ canon pour le natif de Melbourne. 17 points à 49% aux tirs, 10,8 rebonds et 7 passes. Difficile de ne pas avoir une certaine comparaison avec LeBron James, joueur avec qui il est référencé depuis le lycée. Comme lui, il est un basketteur capable de tout bien faire (et il est déjà intéressant en défense !) sur un terrain. Passes, rebonds, points. Tous les soirs.
Ben Simmons, prince héritier du Roi
Comme le King dans sa jeunesse, Simmons n’a pas le moindre shoot. Il ne se fait pas confiance au-delà de quatre mètres. En quatre matches, il a tenté seulement… cinq tirs en dehors de la raquette. Pour une seule réussite à mi-distance. Il n’y a pour l’instant qu’une seule zone du parquet où il excelle vraiment : celle la plus proche du panier (57% de réussite).
Et malgré ça, il parvient tout de même à scorer sans trop de difficulté. C’est peut-être le plus déconcertant. La marge de progression est immense et il cale déjà 17 points par match. Parce que s’il est maladroit, Ben Simmons a une aisance dans le dribble assez rare – même si de plus en plus répandue – pour un joueur de sa taille (2,08 m). Ce n’est pas seulement qu’il est agile. Il est aussi intelligent. Il attaque quand il faut. Savoir alterner dribbles lents puis accélération soudaine est un art. Ce n’est pas donné à tout le monde. Lui maîtrise déjà une grande partie de cet aspect primordial du jeu. De toute façon, lire ce qui se passe sur le terrain est clairement son principal point fort. Qu’il s’agisse d’analyser les réactions de son vis-à-vis pour attaquer ou celle de la défense pour passer la gonfle à un coéquipier démarqué.
Là encore des points communs avec James… Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les deux joueurs, qui partagent le même agent, sont amis. Ils s’entraînent même ensemble l’été. Et il n’y a pas que sur le parquet que Simmons s’inspire de son aîné. Après sa belle performance, il nous a offert une déclaration dans la même lignée que celles que distribue le King après chacun de ses grands matches.
« C’est génial d’avoir un triple-double mais c’est bien plus important d’avoir la victoire. »
Ben Simmons n'est pas le premier à avoir du LeBron en lui, même si, hormis peut-être Giannis Antetokounmpo, aucun joueur ne présente autant de similitudes avec le patron. A lui de prouver qu'il peut avoir une grande carrière. Comme son statut de « can’t miss prospect » lui promettait.