Il y a un domaine dans lequel les joueurs amateurs et professionnels ne sont pas forcément très différents : la réussite aux lancers-francs. Et oui, aussi simple que cela puisse paraître, ce tir sans défense, à 4,60 m, face au cercle, demeure parfois le talon d’Achille de professionnels aguerris.
Et pas forcément de mauvais shooteurs dans le jeu. L’exemple le plus célèbre étant l’ancien ailier des Spurs Bruce Bowen, qui lors de la saison 2002/2003 tournait à 44, 1% à trois-points, 48, 8% à 2 points et seulement 40,4% aux lancers francs.
Pourquoi autant d’échecs aux lancers francs ?
1) Aspect psychologique
Quand on parle de lancers-francs, il est important de parler de l’aspect psychologique de cette phase de jeu, de ce tir. Comme un penalty au foot, le lancer franc est censé être une façon facile de marquer, puisque le joueur se retrouve face au cercle et sans défense pour inscrire un tir.
Psychologiquement, le fait de rater un tir "facile" impacte la confiance du joueur à cause de la peur du ridicule (celle de manquer un panier tout fait). Ce sentiment est d’autant plus fort si un lancer franc est manqué alors que le match est serré.
Donc pour résumer, un échec amène souvent un autre échec aux lancers-francs, surtout si on n’est pas préparé mentalement et psychologiquement. Voilà ce qui pourrait expliquer la faible réussite de Bruce Bowen dans cet exercice lors de la saison 2002/2003.
2) Cette ligne de frustration
Autre point important à préciser, et d'ailleurs souligné par l’un des plus grands shooteurs de l’histoire du basket Ray Allen : un lancer franc est quasiment toujours consécutif à une faute donc à un contact physique (excepté les fautes techniques).
Le joueur qui se retrouve sur la ligne de lancer-franc se retrouve donc généralement essoufflé, parfois agacé. Il peut aussi souffrir à un endroit particulier à cause du contact qui a provoqué la faute. Si bien que Ray Allen appelle la ligne de lancer-franc : la ligne de frustration. Car le joueur qui s’y retrouve est généralement frustré.
Dans le foot, une fameuse formule indique “que le joueur qui a subi la faute ne doit jamais se faire justice en tirant lui-même le penalty qui suit”. Pourquoi ? À cause de la frustration que peut générer la faute et d’un manque de concentration pour transformer le penalty.
C’est exactement la même idée pour le lancer franc sauf que le joueur de basket ne peut pas y échapper à moins de devoir sortir sur blessure.
3) Un tir sans rythme
Autre point crucial pouvant expliquer autant d’échecs aux lancers-francs : le fait qu’il s’agit d’un tir sans rythme. Or, pour qu’un shooteur soit efficace, avoir du rythme avant d'exécuter un tir est primordial.
D’ailleurs, dans le jeu, chaque tir, même un catch and shoot sans déplacement au préalable, est pris avec du rythme. Le lancer franc est donc un tir complètement à part dans le basket et il faut donc se préparer ou s’entraîner spécifiquement dans cet exercice pour être efficace.