Ils se foutent de notre gueule. Quand j’étais encore étudiant en école de journalisme (et ouais papy), l’un de mes professeurs – le grand Gregory Schneider – expliquait qu’il lui arrivait de commencer ses papiers par « ils se foutent de notre gueule », avant de l’effacer, juste pour se mettre lui-même dans une forme de mood agressif au moment d’écrire. Aiguiser sa plume quoi. Ça m’arrive de reprendre sa technique. Sauf que là, ils se foutent vraiment de notre gueule.
« Ils », ce sont les têtes pensantes – enfin, pas beaucoup sur ce coup – du Comité d’organisation des Jeux Olympiques. Le COJO. Vous l’avez peut-être déjà vu ou lu sur les réseaux sociaux suite au papier publié sur le site de L’Equipe : le premier tour des compétitions de basket est pour l’instant prévu dans l’un des halls du Parc des expositions de la porte de Versailles. Non, ce n’est même pas une blague à la con. Ils se foutent bien de notre gueule en plus.
Isidore de Braize et moi arrivant au Hall 6 du Parc expo pour le premier match des Jeux Olympiques @Paris2024.
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@FRABasketball pic.twitter.com/JeUxJA4LzZ— Evan Fournier (@EvanFourmizz) March 16, 2022
Nous, ce sont les passionnés de balle orange, bien sûr, mais ce sont avant tout les acteurs de notre sport. Les joueurs évidemment ! Je ne peux que paraphraser les mots d’Evan Fournier, sondé par mes confrères Yann Ohnona et Arnaud Lecomte (tiens, un autre prof) :
« Si c'est vrai, si c'est vraiment ce qui arrive, c'est de la grosse m... Cela n'a aucun sens ! Le sport majeur des JO, c'est l'athlétisme. Mais en tant que sport collectif, le basket est numéro 1. Nous sommes vice-champions olympiques, on est chez nous, et ils ne garantissent pas une vraie salle ? Encore une fois, si c'est le cas, ce sont des pipes et ils se foutent de nous. Et ils pensent vraiment faire jouer Team USA, ses stars qui pèsent des dizaines de millions et jouent dans des Arenas géantes tous les soirs, dans ces conditions ? Et s'il y a un problème d'humidité, des blessures ? »
« On n'est pas à l'abri que les franchises, quand elles comprendront, fassent pression sur leurs joueurs pour ne pas y aller. Et tout ça pour mettre du badminton dans l'Arena de la porte de la Chapelle ? Je comprends qu'aux Jeux, chaque discipline doit avoir sa place. Mais le badminton attire combien de personnes en tribunes ? Sérieusement ? C'est inimaginable, juste une question de bon sens... Je suis déçu, en colère. Cela me fout la haine. Un truc comme ça n'arriverait jamais aux États-Unis. On ne respecte rien. »
L’irrespect, c’est qui me vient en tête en premier, à moi ou à mes camarades de la rédaction REVERSE. Grand respect au badminton, no offense, mais l’équipe de France de basket est vice-championne olympique et elle va aborder le tournoi chez elle, à Paris, devant son public, avec une vraie ambition et peut-être même, soyons fous, une chance de médaille d’Or selon les joueurs (américains) présents en 2024. Les femmes, elles, figurent parmi les meilleures équipes du monde depuis des années.
Evan Fournier, son immense colère sur la délocalisation du basket aux JO 2024 !
Pour vous résumer le bail, le basket a été délocalisé dans le hall 6 du Parc après que la natation ait été déplacée à la U Arena de La Défense, renvoyant la gymnastique artistique à Bercy. L’Arena 2 de porte de la Chapelle, conçue en partie avec le regard de David Kahn, ex-GM des Minnesota Timberwolves et président du Paris Basketball, va donc recevoir le badminton.
Tout est une question d’hauteur de plafond, comme l’expliquent très bien les journalistes de L’Equipe. Le basket, contrairement aux autres disciplines citées, n’impose que 7 mètres de hauteur minimale et se retrouve donc basculée dans un hangar qui accueillait encore des ânes et d’autres animaux lors du dernier salon de l’agriculture. Pour le coup, on nous prend vraiment pour des ânes.
Je sais pas qui s’occupe de sélectionner les salles pour les JO 2024 mais frero va falloir se réveiller parce que tu nous fou la honte au yeux du monde là
— Vincent Poirier (@viinze_17P) March 16, 2022
Finalement, à quoi bon être le premier sport collectif des JO depuis 1992 si c’est pour y accorder si peu d’importance ? Les stars de la NBA sont chaque année parmi les plus populaires du village olympique. La compétition passionne certainement plus que d’autres sports – là encore, no offense, ça ne veut pas dire qu’ils n’ont pas leur place, juste que les priorités sont établies assez bizarrement.
On ne va pas sombrer dans le complotisme mais faisons tout de même honneur au sketch des poivrots du bar des Inconnus quand ils disaient, « tout ça, c’est politique. » Notons donc qu’Etienne Thobois, le directeur général de Paris 2024 est un ancien joueur de… badminton. Ben oui tiens. J'aimerai vraiment vous dire que ce sont nous les idiots à réagir comme ça, que l'on devrait cesser de faire les pourris gâtés et nous concentrer sur l'esprit olympique. Mais non. Non, non et non. Les Jeux, c'est une machine économique, un rouleau-compresseur à générer des billets pour certains. C'est du business. Alors il n'y a pas de raison de se faire entuber en affaires.
Tout ce qu’on espère, c’est que les différentes instances trouvent une solution pour éviter cette blague. Parce que sinon, en plus de se foutre de la gueule du monde, on va vraiment passer pour des cons.