« J’ai fait les bonnes lectures. Nous n’avons pas été en réussite aux tirs, ni même à trois-points. Ce qui les a poussés à continuer à faire des prises-à-deux sur moi. Je pense que si nous avions rentré un ou deux tirs, ça aurait changé leur plan de jeu. »
Les Dinos n’ont pas voulu se faire écraser par l’astéroïde Anthony Davis. La tactique était claire : le serrer de près pour l’empêcher de manœuvrer. Et ainsi le forcer à ressortir la gonfle. Ce qu’il a fait. Sans l’adresse de ses camarades (35%), l’emporter paraissait impossible. Mais à charge de revanche pour le joueur de 27 ans. Cette nuit, il s’est lâché sur le Jazz et Rudy Gobert, double lauréat du trophée de DPOY. 42 points en 28 tirs, 12 rebonds, 4 passes et 3 interceptions. Dont 23 en première mi-temps. La vingtième fois qu'il atteint la barre des 20 pions avant la pause cette saison. Une première depuis Kobe Bryant en 2013.« Le coach m’a demandé d’être plus agressif. Il a eu le sentiment que j’ai laissé Toronto imposer son plan de jeu sur moi et je suis d’accord. Je faisais les bons choix mais j’aurais quand même dû être plus agressif », avouait le héros de la soirée.
Et ça change tout pour les Lakers ! Parce qu’ils sont très durs à battre quand un géant de sept pieds aussi agile et adroit se met à attaquer le panier action après action. L’équipe d’Utah, pourtant réputée pour sa défense, est restée sans solution.« Ils sont désavantagés sur ce duel selon moi », note Alex Caruso. « Donc ils mettent Rudy Gobert sur lui. Quand c’est un défenseur plus petit, il [Davis] peut poster. Et quand c’est un adversaire plus grand, il le fait sortir de la raquette. C’est ce qu’il a fait en fin de match. Il a sorti Rudy de la peinture pour mettre des gros tirs. »
Quatre nouveaux paniers à trois-points pour Anthony Davis. Dont un step back monstrueux, en tête de raquette après avoir posé quelques dribbles, avec la faute de Gobert. Une action à quatre points qui a scellé la victoire de Los Angeles dans la dernière minute. Un panier digne d’un meneur, le poste qu’occupait A.D. quand il était adolescent. Il a gardé des réflexes tout en prenant des centimètres. Et c’est ce qui le rend si injouable. Le Jazz n’avait pas de solution. Mais c’est le cas pour de nombreuses équipes (sauf peut-être… Milwaukee). Les Clippers, par exemple, sont bâtis pour contrer LeBron avec Leonard et Paul George dans le périmètre. Mais ils n’ont personne pour ralentir le mastodonte. Ni Marcus Morris, ni Montrezl Harrell ne semblent aptes à cette tâche. Joakim Noah aurait pu le faire… il y a cinq ans. Et ce n'est pas comme si son impact se limitait à l'attaque. Il brille aussi en défense. Suffisamment long pour gêner les pivots mais assez mobile pour rester devant des attaquants plus rapides. Un sérieux favori au trophée de meilleur défenseur justement.« C'est une licorne. Il peut tout faire. Je suis conscient de ses talents à l'intérieur et à l'extérieur », témoignait LeBron James.
Avec 30 points, 43% à trois-points, presque 9 rebonds et 4 passes en trois matches disputés dans la « bulle », Anthony Davis confirme qu’il est en grande forme. Il n’a peut-être pas une grande expérience des playoffs (13 matches) mais il a brillé à chaque fois qu’il s’est retrouvé à ce stade de la compétition (30-13 de moyenne). Petit paradoxe, il est certainement le meilleur défenseur ET le meilleur attaquant des Lakers sans être considéré comme la première superstar de l’équipe. Mais s’il y a bien un joueur qui peut les mener au bout, c’est lui.