Comment les Lakers peuvent récupérer Anthony Davis
LeBron James nous a tendu une perche. C’est au beau milieu de notre « Anthony Davis week », qui se conclut vendredi avec un choc entre les Los Angeles Lakers et les New Orleans Pelicans, que le King a commenté indirectement la situation de la superstar la plus convoitée de la NBA.« Ce serait incroyable [de jouer avec Davis]. Ce serait vraiment génial. Incroyable. »
Trois phrases et deux adjectifs pour décrire le rêve de sa franchise. Quelques heures plus tôt, l’insider Brandon Robinson – source assez obscure de la ligue – insistait encore une fois sur le fait que les Lakers discutaient d’un échange impliquant Davis. Au-delà des rumeurs, il semble de plus en plus évident que le numéro 23 des Pelicans est la cible absolue des Angelenos cet été. Parce qu’il est peut-être le joueur qu’ils ont le plus de chances de récupérer malgré le fait qu’il ne soit pas libre. En effet, Kawhi Leonard a l’air de se sentir bien aux Toronto Raptors et son choix s’est visiblement réduit à un duel entre la franchise canadienne et les voisins des Los Angeles Clippers. Jouer avec LeBron James n’attire pas spécialement les basketteurs les plus talentueux de ce championnat, comme l’a fait comprendre Kevin Durant. Du coup, difficile d’imaginer KD, lui aussi sur le marché, s’engager avec L.A. Ou alors aux Clips, même si les New York Knicks et évidemment les Golden State Warriors semblent tenir la corde. Jimmy Butler est parti pour prolonger aux Philadelphia Sixers et lui aussi avait l’air réticent à l’idée de jouer avec Bron. Klay Thompson est probablement un joueur des Warriors à vie. Le management des Lakers peut se retrouver bredouille en juillet. Ce qui serait tout de même problématique vu la détermination des Californiens à entourer James d’une autre star. La patience était de rigueur cette saison. Mais le temps presse tout de même. Le triple champion NBA va fêter ses 34 ans à la fin du mois. S’il est toujours au sommet de son art, ses années sont tout de même limitées. Le sentiment d’urgence risque de s’installer peu à peu à l’approche de l’été. Et Davis est donc la cible prioritaire d’une organisation lancée sur une toute autre dynamique depuis la signature de LeBron. Les connexions entre le natif d’Akron et celui de Chicago sont faciles à trouver. Il y a d’abord Nike, l’équipementier. Puis surtout Rich Paul. Et ça, c’est récent. Anthony Davis a changé d’agent à quelques mois d’échéances décisives pour la suite de sa carrière et ce n’est certainement pas anodin. Le timing ne l’est pas. Le choix du représentant non plus. Paul est évidemment l’agent et même l’ami de James. Ses clients sont toujours connectés au King à un moment ou à un autre. Et le choix de Davis a immédiatement relancé les rumeurs d’un possible transfert aux Lakers dans les mois à venir. Cela fait un moment que c’est dans les cartons. Adrian Wojnarowski, pape du scoop, en a déjà parlé à plusieurs reprises. Il a d’ailleurs confié récemment que les Lakers ne se sépareraient de leurs jeunes joueurs – Lonzo Ball, Brandon Ingram, Kyle Kuzma ou Josh Hart – en cours de saison, en tout cas pas pour une autre contrepartie que Davis, justement dans l’espoir de proposer le meilleur package possible en juillet 2019. Alors avant d’évoquer ce que la franchise hollywoodienne peut proposer, concentrons-nous sur l’intersaison prochaine et ce pourquoi elle est décisive. Contractuellement, Anthony Davis est lié aux Pelicans jusqu’en 2021. Mais il dispose d’une option pour tester le marché un an auparavant. En 2020 donc. Nous sommes à 18 mois de sa Free Agency. C’est un moment critique. Parce que sa valeur (pour un transfert) va décliner mois après mois. Et ce malgré que ce soit l’un des cinq meilleurs joueurs du monde. Bon, elle est de toute façon très haute. Mais on l’a bien vu avec les cas précédent de Butler, Leonard, Paul George ou Kyrie Irving : plus le contrat du joueur est proche de sa date d’expiration, moins la franchise qui l’échange a d’influence sur les négociations. Parce que les équipes intéressées peuvent aussi juste attendre que le joueur en question soit libre pour le signer sans lâcher d’atouts. Si Davis est libre en 2020, cela signifie qu’il peut mettre la pression sur ses dirigeants dès maintenant, ou surtout dès cet été, une fois la saison terminée (sans doute par une désillusion au passage). Le front office des Pelicans risque de se retrouver face à un dilemme dès 2019 : garder sa star et prendre le risque de la perdre sans contrepartie ou la transférer pour enclencher le processus de reconstruction. Les Spurs (Leonard), les Pacers (George), les Cavaliers (Irving) et les Wolves (Butler) ont tous fait le choix de se séparer de leur All-Star. Et ils s’en sortent tous plutôt bien, à l’exception de Cleveland. Il y a tout de même une différence notable : tous ces gars avaient demandé à partir. Davis ne l’a pas (encore) fait. 2019 est une date importante pour une autre raison. C’est cet été que les Pelicans pourront lui proposer le super max. Une extension sur cinq ans à hauteur de 235 millions de dollars. Le jackpot absolu pour un joueur tout de même souvent blessé. S’il refuse cette prolongation – et les très sérieux Zach Lowe et Adrian Wojnarowski pensent qu’il va refuser – ce sera sans doute le signe que l’intérieur ne voit pas son avenir en Louisiane. Les Pelicans auront alors intérêt à faire monter les enchères entre les nombreuses équipes intéressées. Nous en revenons donc aux Los Angeles Lakers. Ils ne seront évidemment pas les seuls sur le dossier. Mais ils partent avec un avantage : ils seront très probablement dans la liste des destinations préférentielles du bonhomme (avec sans doute les Boston Celtics). Une équipe qui n’a pas les faveurs de Davis n’a pas forcément d’intérêt à sacrifier de nombreux assets pour récupérer l’ailier-fort si c’est de toute façon pour le voir partir un an après. Même si les paris tentés par le Thunder et les Raptors récemment peuvent pousser une franchise à essayer. Mais les Lakers seront quand même dans une – relative – position de force. Ils peuvent proposer au moins deux de leurs jeunes joueurs en plus d’éventuels picks. Le plus évident d’entre eux est Brandon Ingram. Déjà parce que c’est celui qui a le plus de potentiel (même s’il y a débat à ce sujet). Ou du moins celui qui est le plus amené à devenir une première option offensive autour de laquelle bâtir une équipe. Le natif de Caroline du Nord n’a que 21 ans et il compilait 16 points, 5 rebonds et presque 4 passes par matches la saison dernière. Il a été drafté en deuxième position en 2016 après avoir été un temps pressenti (du moins par les scouts) comme un potentiel premier choix de draft (Ben Simmons était finalement incontournable). Ingram est la pièce centrale de chaque package. Mais c’est surtout le joueur qui colle le moins bien avec LeBron James parmi les jeunes talents des Lakers. Les deux ne sont pas complémentaires, contrairement à ce que Mark Jackson ou certains internautes veulent vous faire croire. La masse imagine encore Ingram comme une réplique de Kevin Durant. Mais c’est erroné. KD a toujours été un shooteur (même s’il a aussi toujours été bien plus que ça) ce qui le rend extrêmement dangereux même sans le ballon. C’est aussi pour ça qu’il est capable de briller à côté de Stephen Curry ou Russell Westbrook par le passé. Le jeune ailier des Lakers est effectivement long et fin, comme Durant, mais il a besoin de la balle pour exister. Encore plus que n’importe quel autre élément de l’effectif californien en dehors de LeBron. Il est à 32% à trois-points en carrière. Il est très loin d’être un tireur d’élite même s’il a encore le temps de se développer et de se perfectionner. Mais ce que nous voulons mettre en avant, c’est justement que le fait que son jeu ne se repose absolument pas sur le tir lointain. Il prend moins de deux tentatives par match derrière l’arc cette saison ! Non, c’est avant tout un slasheur qui vit balle en main. En attaquant le cercle et en créant pour lui, et même parfois pour les autres. Son profil est trop proche de celui de James pour vraiment cohabiter avec lui à Los Angeles. Et les dirigeants risquent de devoir profiter de sa valeur marchande à un moment ou un autre, même si c’est pour dénicher une autre star qu’Anthony Davis. Parce qu’Ingram ne progresse pas au côté de LeBron – au contraire de Kuzma ou Hart par exemple – et ça va finir par se voir. Il régresse même. Ses statistiques sont moins élevées que l’an dernier – moins de points, moins de rebonds, moins de passes – mais surtout ses pourcentages sont en baisse alors qu’il est censé bénéficier de tirs plus ouverts en jouant avec James. Ça ne colle pas. Alors, certes, il est tôt pour tirer une conclusion aussi hâtive. Jouer avec le meilleur basketteur du monde demande un temps d’adaptation évidemment plus long que deux petits mois tronqués par des blessures. Mais le temps est un atout précieux que les Lakers n’auront pas indéfiniment. Et les statistiques avancées ne plaident clairement pas en faveur d’une association entre James et Ingram. Leur duo affiche par exemple un Net Rating à peine positif de +0,5. Selon NBA.COM, Ingram est plus efficace sans James et James est plus efficace sans Ingram. Et assez nettement en plus. Les Lakers sont aussi bien plus forts avec l’un des deux sans son binôme. Autant de raisons de transférer l’ancienne star de Duke. Lonzo Ball peut coller avec LeBron James s’il se montre agressif sur chacune de ses prises de balle. Il le fait en ce moment et leur duo fonctionne beaucoup mieux. Le jeune meneur est d’abord un distributeur mais il lâche la balle très vite. Ce n’est pas John Wall. Il peut créer du jeu sans avoir besoin de monopoliser la gonfle. Encore une fois, n’écoutez par Mark Jackson et certains internautes : Lonzo a un profil complémentaire de LeBron. Mais pour choper Davis, les Lakers devront peut-être le sacrifier. Même si ce serait dommage. Ball a les capacités pour être un meneur à 15 ou 16 points, 6 ou 7 rebonds et 9 ou 10 passes s’il était vraiment au cœur de l’attaque. Les Pelicans récupéreraient-là un jeune maestro qui leur conviendrait mieux que Kuzma (qui fait doublon avec Julius Randle), Josh Hart (talentueux mais qui a moins de potentiel). Voilà pour les deux éléments centraux de l’échange. Les Lakers peuvent ensuite ajouter des picks ou des joueurs de rotation pour équilibrer les salaires échangés et donner un peu plus de matière à New Orleans. C’est à la fois peu et beaucoup. Certains diront que lâcher Ball ET Ingram à un an de la FA de Davis est une erreur. Mais c’est tout de même Anthony fucking Davis. Certains diront que récupérer SEULEMENT Ball et Ingram est une erreur pour les Pelicans. Mais c’est mieux que rien du tout. Un cinq articulé autour de Ball, Ingram, Jrue Holiday et Julius Randle peut assurer une certaine transition. Anthony Davis, lui, serait idéal aux Los Angeles Lakers. C’est une superstar qui évolue surtout dans un rôle de finisseur. Il peut laisser LeBron James diriger le show – comme le fait Holiday aux Pelicans – et se contenter de scorer à profusion. Il excelle en transition et les Lakers misent justement beaucoup sur le jeu rapide. Lui et le King formeraient le duo potentiellement le plus puissant de la ligue. En attendant que le mono-sourcil devienne le nouveau visage de la NBA, avec enfin une franchise emblématique pour booster sa marque, suite au déclin de James. Le plan parfait ?-
ARTICLE SUIVANT : Quels assets les Celtics sont-ils prêts à sacrifier pour Anthony Davis ?