« Ils ont des mecs qui se sont transformés en putain de Michael Jordan. » Voilà comment Jaylen Brown a résumé dans son langage fleuri la performance d’Andrew Nembhard lors du Game 3 des finales de Conférence Est, un match finalement gagné de justesse par les Boston Celtics contre les Indiana Pacers. Ce ne sont pas des mecs mais bien un mec, effectivement venu de nulle part. Enfin, pas tout à fait.
Le type en question, c’est donc un Canadien drafté au tout début du second tour en 2022. Un jeune homme prometteur, certes, mais qui compilait 9 points par match en saison régulière en alternant les rôles de titulaire et remplaçant. Pas le genre de menaces pour lesquelles les coaches schématisent dans tous les sens en espérant limiter leur impact. Du moins, il ne l’est pas encore mais certains l’imaginent déjà à ce niveau un jour. Le célèbre commentaire Mike Breen l’a par exemple qualifié de « future star. »
Ce n’est pas immérité au vu de ses prestations lors des deux derniers matches de la série contre Boston, et même plus globalement sur ces playoffs. Indiana a fait un beau parcours en gagnant deux séries – même si leurs adversaires comptaient plusieurs blessés – et il y a beaucoup de points positifs à retenir de cette campagne. Nembhard étant peut-être même la plus belle source d’espoir pour les supporters.
La blessure de Tyrese Haliburton l’a mis sur le devant de la scène. TJ McConnell et Pascal Siakam ont évidemment en partie compensé l’absence du meneur All-Star mais aucun joueur n’a plus hissé son niveau que le combo guard né à Toronto il y a 24 ans. Auteur de 32 points et 9 passes lors du Game 3, il a enchaîné avec 24 points et 10 passes la nuit dernière. Son équipe est passée tout près de faire tomber la tête de série numéro un de la saison régulière à chaque fois.
Ironiquement, Andrew Nembhard est impliqué dans les actions qui ont finalement mené à la défaite des Pacers. Il a perdu un ballon crucial dans les dernières secondes du Game 3 et sa tentative de layup a été bloquée par Brown lors du Game 4. Il y a eu du déchet, à l’image de tous ses coéquipiers. Ils ont manqué d’expérience. Mais c’est justement tous ces ratés qui pourraient l’aider, lui et son groupe, à en sortir grandis. C’est en se retrouvant dans ce genre de situations si importantes que les pros apprennent. Et lui, justement, ne s’est pas caché. Il a cherché ces moments. Ça a parfois payé, comme le game winner planté contre les New York Knicks au tour précédent.
« Je suis fier de son évolution », soulignait Siakam. « Il fallait faire preuve de beaucoup de maturité pour hausser son niveau de jeu en apprenant l’absence de notre meneur titulaire le matin même. Il a été incroyable, il a contrôlé le jeu, il a placé notre attaque. Je pense que c’est quelque chose qu’il a toujours su faire et il l’a prouvé à chaque fois qu’il en a eu l’opportunité. »
Le jeune homme dégage clairement quelque chose de fort. Il est plutôt grand pour son poste (1,96 m) sans avoir une envergure folle mais il est solide, très vif. Il sait se créer son propre tir et c’est déjà la caractéristique première des stars. Il peut aussi créer pour les autres, c’est un bon passeur. Nembhard est fort en dribble, à l’aise balle en main, et a placé plusieurs step backs suivis d’un tir à mi-distance. Parfois sur des défenseurs plus longs. Il n’est pas non plus manchot derrière l’arc avec carrément 48% de réussite à trois-points sur l’ensemble des playoffs. Il ne sera pas toujours aussi adroit, bien sûr, mais la mécanique est bonne.
« Il joue avec tellement de confiance, c’est incroyable », note McConnell. « Il implique les autres. Il a été remplaçant, titulaire, meneur, arrière… ce sont des trucs qui peuvent chambouler un gamin. Mais il répond présent. C’est vraiment un très bon joueur. »
Le fait d’avoir des responsabilités encore plus grandes et surtout le fait de les avoir assumées devrait booster sa confiance. Confirmer par la suite est parfois l’étape la plus difficile puisque les attentes autour de lui vont lui donner plus de pression. Mais il a les bases. Indiana pourrait par exemple en faire son Derrick White. Pas mal pour un « putain de Michael Jordan » pioché au second tour.