Face au Canada, la France avait besoin d’un choc. Peu convaincants en phase de poules, les Bleus étaient donnés perdants, ce mardi, pour leur quart de finale contre une équipe invaincue dans le « groupe de la mort ». Mais le choc a bien eu lieu (victoire 82-73).
Les Canadiens n’avaient jamais été menés de plus de six points depuis le début des Jeux Olympiques de Paris 2024. À la mi-temps, ils accusaient un retard de 16 points — leur plus grand depuis le début du tournoi, et le plus grand avantage pour les hommes de Vincent Collet. Une inversion des rapports de force comparé à leur match amical trois semaines plus tôt, lors duquel le pays hôte avait été dominé (73-85).
Ce qui a changé depuis cette rencontre ? Les Bleus ont trouvé leur équilibre, juste à temps pour éviter l'élimination.
Avec Gobert sur le banc, un lineup plus cohérent
Voir Rudy Gobert sortir du cinq majeur était une surprise, mais une bonne surprise. Le pivot des Timberwolves est indéniablement l’un des meilleurs défenseurs au monde. Cependant, la composition d’un cinq majeur ne se résume pas au talent : il s’agit aussi de cohérence. Cette fois, Collet a fait des choix forts et a visé juste.
D’abord, les nouveaux titulaires ont brillé individuellement. Guerschon Yabusele, toujours exceptionnel dans les grands rendez-vous, a crevé l’écran avec 22 points (6/9 aux tirs) et 5 rebonds. Isaïa Cordinier, qui a remplacé Evan Fournier parmi les titulaires, a livré la performance de sa vie (20 points à 6/10).
#Paris2024 | 🔥🔥 QUEL DÉBUT DE MATCH DES BLEUS !!
🏀 2 tirs à 3 points de Cordinier et l'équipe de France mène 13-5
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— francetvsport (@francetvsport) August 6, 2024
Ensuite, ce changement de cinq majeur a permis aux Français de déployer le jeu pour lequel cet effectif a été conçu. Une haute intensité défensive avec des joueurs très mobiles, enfin capables de switcher, le principe fondateur de cette équipe. Une attaque simple et rapide, seul registre dans lequel elle peut être réellement efficace.
Avec seulement quatre minutes de jeu pour Gobert — justifiées en partie par un examen de l’annulaire droit, selon l’intéressé et son entraîneur — le rythme s’est accéléré et les espaces se sont ouverts. La présence de Victor Wembanyama comme seul intérieur au début de la rencontre a grandement écarté le jeu, facilitant les pénétrations.
Les minutes de Mathias Lessort en sortie de banc ont été encore plus marquantes. Point de fixation dans la raquette, il a profité de tout cet espace pour faire sa loi à l’intérieur : 13 points et 5 rebonds, à 2/3 aux tirs et surtout 9/14 aux lancers francs. Vincent Collet semble avoir trouvé la recette pour tirer le meilleur de ses joueurs.
« Chacun devait comprendre notre rôle, notre histoire, et la direction que nous voulions prendre. Quatre jours, c’est beaucoup pour réfléchir et corriger les choses », a résumé Wembanyama après la rencontre.
France-Canada : ce qu'on a aimé, ce qu'on a pas aimé
Des Bleus conscients de leurs faiblesses
De la même manière, la France a essayé de contourner ses plus grandes faiblesses. Pour pallier son manque d’efficacité sur demi-terrain depuis le début des Jeux Olympiques, l’équipe a abandonné les schémas offensifs qui la freinaient. Fini les « Hi-Lo » et le jeu placé maladroit : la vitesse s’est révélée être la clé contre le Canada.
Quitte à avouer son incapacité à marquer sur jeu placé, autant éviter ces situations au maximum. Collet a donc écarté Nando de Colo et Matthew Strazel de sa rotation, préférant s’en remettre à un partage de ballon fluide plutôt qu’à un véritable gestionnaire. Une stratégie qui a perturbé la défense adverse pendant un temps et qui a permis, avec ce lineup, une meilleure alternance entre les lignes extérieures et la raquette.
Avec une défense plus agressive et une attaque rapide, les Bleus ont ainsi tenu leur rang en contre-attaque, devenant la première équipe à battre le Canada dans ce domaine (12-10) depuis le début de la compétition. On ne peut nier la possibilité que, dos au mur, les joueurs aient été transcendés par l’enjeu. L’intensité mise dans ce match a été décisive, en particulier en défense. La contre-performance de leurs adversaires, trop peu appliqués et combatifs, les a également aidés dans cette victoire. Mais ce sont tous ces ajustements qui leur ont permis de profiter de leur énergie et d’appuyer sur les failles de l’équipe canadienne.
Enfin dans son basket, cette équipe de France est plus belle que jamais. Néanmoins, son équilibre est précaire. Ses 17 ballons perdus, entre autres lacunes, auraient pu lui coûter le match sans quelques exploits individuels en fin de rencontre. Elle restera outsider contre l’Allemagne, jeudi, en demi-finale, mais l’espoir est désormais permis.
Et offensivement, comme le Canada lui-même switchait tout, il fallait des joueurs capables de punir à l'intérieur. On a vu depuis deux semaines que Wemby n'en est pas encore là, mais il apporte tellement ailleurs que c'est difficile de le sortir. Là encore, les choix de Yabusele et Lessort sont logiques car ils amènent précisément la densité physique et l'adresse près du cercle pour sanctionner le choix tactique canadien.