Un mentor nommé Patrick Ewing
Arrivé un certain âge, les joueurs NBA ont tendance à se reposer sur leurs acquis, qui plus est lorsqu’ils sont titulaires d’un gros contrat au sein d’une franchise habituée à la défaite. Pas Al Jefferson. A Charlotte, l’ancien joueur des Celtics, des Wolves et du Jazz a trouvé des nouveaux défis au côté de Patrick Ewing, assistant de Steve Clifford aux Bobcats.« Le premier jour où j’ai rencontré Pat, il m’a dit que j’étais un très bon joueur en attaque mais que je devais apprendre à devenir un bon défenseur car c’est ça qui fait gagner les matches », raconte le joueur de 29 ans à USA Today. « Lorsqu’un Hall Of Famer vous dit ça, vous n’avez plus d’excuses. Vous devez le faire. Lorsqu’il croit en vous, tout deviens plus facile. C’est génial d’être à ses côtés. »Al Jefferson ne s’est pas braqué, il est resté humble et s’est remis au travail. Comme le souligne Sam Amick, les équipes dans lesquelles le joueur est passé auparavant n’ont jamais été des machines de guerre en défense. Bien au contraire. Jefferson n’a jamais été dans une franchise classé parmi les quinze meilleures défenses de la ligue. Pourtant, le pivot est censé être le dernier rempart, celui qui protège le cercle. Or, les Bobcats s’appuient avant tout sur une défense de fer pour gagner les matches.
[superquote pos="d"]"Je veux devenir un joueur complet"[/superquote]« Lorsque j’ai rencontré Steve Clifford pour la première fois, il m’a expliqué que nous étions une équipe axée sur la défense et que tout commençait avec moi. J’ai accepté le challenge. Je sais que j’ai encore du chemin à parcourir. Mais le coach me répète souvent que je progresse en défense. Je veux être un joueur complet, je ne veux pas être connu seulement pour mes aptitudes offensives. »Les consignes pour Al Jefferson en défense sont simples. Le pivot est chargé de couvrir chaque pénétration avant de revenir rapidement sur son joueur une fois le porteur de balle freiné dans son élan. Ici, Jefferson va aider sur Randy Foye avant de reprendre J.J. Hickson. Après trois mois de compétition, les Charlotte Bobcats sont l’une des meilleures équipes de la ligue en défense. Les hommes de Steve Clifford encaissent 101 points sur 100 possessions, ce qui place la franchise en sixième position après les Pacers, les Bulls, les Warriors, le Thunder et les Spurs. Six franchises que l’on devrait retrouver en playoffs. Les Bobcats limitent leurs adversaires à 44% aux tirs tout en défendant assez mal la ligne à trois-points. Preuve que la différence se fait principalement dans la raquette, où Al Jefferson a appris à aller au charbon même s'il a encore quelques lacunes (aides défensives, écrans retards...).
La puissance du poste bas
Al Jefferson n’a pas été recruté pour ses qualités défensives mais il a adhéré à la philosophie de son coach. Non, Jefferson a été recruté pour sa présence dans la raquette. Lorsqu’il officie dans un coin de la raquette, les défenses adverses claquent des dents. La star – snobé injustement pour le All-Star Game cette saison – attire l’attention, il provoque des prises à deux et termine en puissance près du cercle. Pourtant, le joueur drafté en 2004 par les Boston Celtics a appris sur les fondamentaux sur le tard. A son arrivée dans le Massachussetts, Al Jefferson n’était qu’un produit brut sorti tout droit du lycée. Pour l’éduquer à l’art des combats dans la raquette, Doc Rivers lui a filé des DVD de Moses Malone.« A cette époque, je ne savais même pas qui était Moses Malone. J’ai regardé le DVD et je me suis dit ‘wow’. »Aujourd’hui, Al Jefferson est l’un des derniers dinosaures capables de faire la différence au poste bas. Et il en est fier.
« La ligue a beaucoup changé. Il y a beaucoup de run&gun et les grands tirent à trois-points. Des gars comme moi, Tim Duncan ou DeMarcus Cousins sommes capables d’attirer des prises-à-deux et d’assurer une présence au poste bas. Je suis vraiment fier de ça. » « Je suis vraiment reconnaissant de pouvoir représenter ce jeu à l’ancienne qui fut la norme il y a une époque. »Al Jefferson au poste bas où l'assurance de voir son équipe marquer un panier facilement. A Charlotte, Jefferson est la première option offensive de l’équipe. En l’absence de Kemba Walker, il a élevé son niveau de jeu. Il a dépassé la barre des 20 points lors de 13 des 14 dernières rencontres. Il tourne même à 28 points en moyenne sur les six derniers matches. Le 31 janvier dernier, le pivot faisait un carnage dans la raquette faiblarde des Los Angeles Lakers. 40 points, 18 rebonds et la victoire en prime. Car oui, désormais, il fait gagner son équipe. Les Bobcats qui gagnent des matches en défense sous l’impulsion d’Al Jefferson, ça c’est tout nouveau par contre…
Les statistiques d'Al Jefferson
2013-14 | CHA | 42 | 33:54 | 8.7 | 17.8 | 48.9 | 0.0 | 0.1 | 40.0 | 2.5 | 3.8 | 67.3 | 2.2 | 8.4 | 10.6 | 2.1 | 1.4 | 1.0 | 1.2 | 2.5 | 20.0 |
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