Evan Fournier et Rudy Gobert ont marqué des points. Andrew Albicy moins...
Trévise accueille tous les ans l'événement le plus plébiscité par les scouts d'Europe et d'ailleurs : l'adidas Eurocamp. Organisé en 3 jours, les joueurs sont répartis dans 4 équipes et jouent au minimum 1 match par jour, 2 s'ils sont sélectionnés pour le match « all-star » de la soirée. Quelques équipes de jeunes sont aussi invitées, comme c'était le cas de l'équipe de France des moins de 20 ans.
C'est donc un très bon moyen pour toutes les jeunes pousses européennes de montrer leur talent comparativement aux autres joueurs. Si beaucoup de scouts NBA sont présents, les grandes équipes européennes sont aussi très largement représentées.
Voici un petit bilan des français qui ont marqués les esprits :
Evan Fournier
Il y a deux sons de cloche concernant les prestations de Fournier. Selon Fran Fraschilla, Jonathan Givony ou Christophe d'European Prospects (en d'autre termes, les 3 personnes de référence en terme de scouting européen), Fournier a réalisé de belles prestations ne diminuant ni n'augmentant sa côte, montrant juste ce qu'il savait faire malgré sa récente blessure à la cheville.
Pour ces scouts et journalistes, il a montré sa vision du jeu, son agressivité offensive, sa capacité de pénétration et à même montré un joli shoot extérieur sur le tournoi (4/7).
Par contre chez NBADraft.net & Aran Smith, le discours est très différent. Eux se sont concentrés sur son manque d'explosivité, son désintéressement défensif et ce qu'ils appellent « son attitude de diva » sur le terrain. Nous avons du mal à comprendre ce que cela veut dire, nous imaginons qu'il a tendance à porter la gonfle et appeler le jeu. Bref, ils semblent avoir discuté avec de nombreux scouts et avoir recueilli le sentiment partagé qu'Evan est un talent pour la draft... mais pour le second tour.
Pour Fraschilla & Givony, Fournier est par contre clairement un talent pour un pick entre #18 à #30. Nous aurons tendance à croire ces gens là qui ont toujours mieux connu le basket européen, mais aussi parce que nous sommes un peu chauvins ! Il y a fort à parier que chez NBADraft.net, ils ont oublié que Fournier est très grand pour son poste (même en NBA), qu'il est très jeune (jamais un joueur de 19 ans n'avait connu une saison statistique comme la sienne), et qu'il a l'état d'esprit nécessaire pour devenir un très très bon joueur.
Rudy Gobert
Si vous suivez BS et REVERSE ou moi-même sur Twitter vous avez dû en entendre parler. Rudy a participé aux matches avec l'équipe de France U20 et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a tapé dans l’œil de nombreux scouts.
Pour commencé, il a été mesuré et tout le monde a été assez impressionné : 2m14 sans chaussure, 2m36 d'envergure, des mains qui font 25 cm de large... Il aurait dominé quasiment toutes les catégories physiologiques s'il s'était présenté à la draft.
Mais les scouts ont aussi aimé son attitude volontaire, que ce soit en défense (protection du panier) ou en attaque (le travail pour prendre la position, les cuts pour se rendre disponible). Ils ont clairement aimé sa mobilité pour un joueur de sa taille, sa défense dans la raquette et son efficacité offensive. Pour le coup, le consensus a été très largement unanime.
Si Gobert ajoute un peu de muscle (il est encore un peu léger) et quelques moves offensifs, il peut devenir vraiment très spécial. Suffisamment impressionnant pour que Givony le passe en #4 sur sa mock draft 2013. Givony a souvent tendance à surestimer les côtes des européens qui lui ont plu à l'Eurocamp et à baisser leur côte le long de l'année, mais tout de même ! Quand le seigneur des mocks drafts vous positionne dans le top 5, cela en dit long !
Pour information, chez NBADraft.net, Gobert est aussi dans leur mock 2013... en 47è position.
Louis Labeyrie
Louis a aussi tapé dans l'œil des scouts. S'il est clair qu'Evan & Gobert ont concentré l'attention, le pivot de Hyères-Toulon a eu le droit à quelques regards attentifs.
Malgré sa jeunesse et son manque d'expérience (Albicy vs Labeyrie, niveau CV, il y a une belle différence tout de même !) il a montré qu'il avait beaucoup d'énergie et de volonté, et cela s'est traduit dans les boxscores. En terme de scouting, Labeyrie sera sur les tablettes des scouts des 2 continents et sera attendu au tournant la saison prochaine. A lui de jouer.
En tout cas chez les U20, nous devrions avoir un secteur plus qu'intéressant avec nos tours jumelles !
Paul Lacombe
Paul a fait un tournoi remarqué pour deux raisons principales :
- Il y a joué meneur une bonne partie du temps et s'est montré à son avantage à ce poste. Pour un joueur qui fait 1m95, c'est assez rare pour être noté.
- C'est un des joueurs qui a montré le plus d'envie et d'énergie sur le parquet, en défendant comme un mort de faim et en jouant sobrement et efficacement.
Son impact n'a pas été forcément visible sur les feuilles de stats, mais les scouts ont souligné son apport. Peut-être pas suffisant pour être sélectionné (il est automatiquement éligible) sur une draft aussi forte, mais il a le physique, l'énergie, et la taille NBA. Il est très polyvalent et peut quasiment jouer sur 3 postes. Une équipe se laissera peut-être tenter ? En tout cas les équipes européennes l'auront remarqué elles-aussi. Il a reçu les honneurs de la « All-Camp Team » d'European Prospects et le « Hustle Award » de DraftExpress.
Léo Westermann
Soyons clair, les chances que Léo parte un jour en NBA sont minimes. Il est certes très grand pour son poste, mais il n'a pas le corps pour ajouter beaucoup de puissance à son jeu, il n'a pas une grosse envergure ni ce côté athlétique que les équipes américaines apprécient chez les joueurs français.
Après tout, tant mieux pour le basket européen parce que Léo est un vrai talent et a vraiment bien fait jouer cette équipe de France des U20. Sur le second match contre la Russie, il s'est même offert un petit double-double en plantant 13 point et en allant capter 11 rebonds (!!!).
Quand on le voit jouer, proche du sol, plutôt fin dans ses décisions, avec sa taille démesurée pour un meneur, on ne peut qu'espérer qu'il prenne la voie d'un Antoine Rigaudeau, c'est bien là tout le mal qu'on lui souhaite.
Andrew Albicy
Andrew a malheureusement déçu sur ce camp, et s'en est peut-être fini de ses chances de draft. A l'aise en défense et dans la distribution, il n'a pas montré plus que ce que les scouts connaissaient déjà. Il a eu du mal à finir ses actions et son shoot était absent.
C'est bien dommage parce qu'on le sait capable de réaliser de bien meilleures performances.
Les joueurs étrangers qui ont marqué le tournoi sont :
- Tornike Shengelia (1991), le puissant ailier de Charleroi qui a montré une belle polyvalence et une capacité à scorer poste bas inégalée sur le tournoi.
- Oleksandr Lypovyy (1991), l'arrière Ukrainien qui est une sorte de copie d'Evan Fournier.
- Olek Czyz (1990), ailier fort sous-dimensionné mais très dynamique qui a joué à l'université de Nevada.
- Daniel Diez (1993), intérieur espagnol très jeune mais dynamique, intelligent et très capable de finir les actions.
- Darko Planinic (1990), le pivot bosniaque a montré une polyvalence et une solidité appréciées.