Il semble loin le temps où Aaron Gordon était considéré comme un #4 pick décevant du côté du Orlando Magic. Arrivé en Floride en 2014, l'intérieur n'a jamais répondu aux grandes attentes placées en lui. A l'époque, le Magic l'attendait comme un futur franchise player.
Neuf ans plus tard, les Denver Nuggets n'en reviennent pas de pouvoir compter sur un tel lieutenant. Débarqué dans le Colorado en 2021 contre Gary Harris, RJ Hampton et un choix à la Draft NBA 2025, le natif de San José a tout simplement trouvé sa place.
"A l’époque, nous n’avions pas réalisé à quel point il était talentueux. Nous n’avions pas conscience du coéquipier incroyable qu’il était et de son sens du sacrifice", a avoué le GM des Nuggets Calvin Booth.
Au point de devenir l'acteur majeur de la victoire de Denver sur le parquet du Miami Heat (108-95) lors du Game 4 des Finales NBA.
Aaron Gordon, parfait dans son rôle
Avec 27 points, 7 rebonds et 6 passes décisives, le joueur de 27 ans a tout simplement crevé l'écran. Face à la défense serrée des Floridiens sur Jamal Murray, l'intérieur s'est engouffré dans les espaces pour sanctionner les choix défensifs des hommes d'Erik Spoelstra.
Capable de punir à longue distance (3/4), il s'est aussi régalé dans la raquette. En coupant à plusieurs reprises vers le cercle pour proposer des solutions faciles à son partenaire canadien. Pour ne rien gâcher, cet apport offensif a été complété par une nouvelle prestation défensive de grande qualité.
Depuis le début des Playoffs, on ne cesse de le répéter : il incarne l'arme défensive la plus importante du collectif de Denver. Karl-Anthony Towns, Kevin Durant et LeBron James l'ont appris lors des éliminations successives des Minnesota Timberwolves, des Phoenix Suns et des Los Angeles Lakers.
Et encore sur cette série, le Heat a sérieusement du mal face à lui. Les chiffres du Game 4 ? 70% des tirs face à lui sont contestés pour 30% de réussites... Sur l'ensemble de cette campagne, Gordon limite ses adversaires à 39,8% aux tirs, dont 27,1% à longue distance. Un impact remarquable.
"Je veux dire, c'est pour ça qu'on l'a pris. C'est un chien. Il est fort. Il est physique. C'est un dur à cuire. Il rassemble tout le monde en dehors du terrain et c'est un joueur altruiste. Il a été solide pendant tous les Playoffs, toute la saison et depuis qu'il est ici", a jugé Jamal Murray.
Vous savez, il joue dans un rôle différent. Il s'est sacrifié lui-même et c'est pour cela qu'il est un grand coéquipier. Il nous a fait gagner le match aujourd'hui. Il était notre meilleur joueur sur le terrain, et défendre sur le meilleur joueur adverse tous les soirs, c'est une tâche difficile.
Et peut-être qu'il n'aura pas beaucoup de crédit, mais nous savons ce qu'il fait pour notre équipe, et nous sommes vraiment reconnaissants", a apprécié Nikola Jokic.
Sans être dans la lumière des projecteurs, Aaron Gordon a trouvé un rôle, pas toujours dans l'ombre, qui convient parfaitement à ses qualités.
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Enfin à sa place
Car à Orlando, l'objectif a été, pendant trop longtemps, de faire de lui une "superstar". Ou en tout cas un leader capable de porter son équipe sur ses épaules des deux côtés du parquet. Avec le recul, il n'est pas difficile de dire que cette expérience a été globalement un échec.
Pour autant, à Denver, Gordon a prouvé qu'il était un joueur capable de peser, énormément, sur le destin d'une équipe visant le titre NBA. Pour Jokic et Murray, il incarne, sans le moindre doute possible, le lieutenant le plus fiable.
Offensivement, il parvient à apporter et peut connaître des fulgurances. Et sur le plan défensif, il s'impose comme un patron. Des responsabilités plus adaptées à son profil, à ses qualités et même à sa personnalité.
"En arrivant, j’ai eu le sentiment de que je devais être un défenseur pour cette équipe. Je savais qu'ils pouvaient marquer. MPJ est l'un des meilleurs tireurs au monde. Vous avez un double MVP en la personne du Joker qui peut tout faire en attaque.
Vous avez Jamal Murray qui peut atteindre 50 points n'importe quel soir. Je savais que je devais jouer en défense et leur faciliter la tâche. J'aime jouer en défense. C'est mon créneau. C'est comme ça que je suis arrivé dans la Ligue, avec un esprit défensif.
En ce qui concerne l'aspect offensif, il s'agissait simplement de trouver ma place, des ouvertures, des paniers de transition, d'essayer d'obtenir des paniers faciles, et puis juste - vraiment juste prendre mon rôle", a simplifié Aaron Gordon.
Et dans le collectif des Nuggets, Aaron Gordon est effectivement à sa place. Celle d'un joueur majeur de l'une des meilleures formations de la Ligue. On a même envie d'oser : le complément parfait pour un futur champion NBA ?