LeBron James : A-t-on oublié à quel point il est fort ?

LeBron James et les Cleveland Cavaliers sont époustouflants depuis le début des playoffs. Sans que cela passionne les foules pour autant.

Cette nuit, LeBron James a cumulé un triple-double (23 points, 11 rebonds et 11 passes) et a pris la place de quatrième meilleur marqueur de l'histoire des playoffs à Shaquille O'Neal pendant que ses Cleveland Cavaliers infligeaient une nouvelle correction aux Toronto Raptors. Après deux matches, les joueurs de l'Ohio ont déjà mis 50 points dans la vue de leurs adversaires canadiens. Ils n'ont toujours pas perdu la moindre rencontre de playoffs, devenant au passage la quatrième équipe de l'histoire à débuter une campagne par dix succès de rang. Sauf cataclysme ou soudaine chute de météorite sur la région de Cleveland, le King va disputer sa sixième finale NBA de suite. Six. [superquote pos="d"]Il est plus difficile de s'identifier à LeBron qu'à Curry[/superquote]Et pourtant, les exploits de James sont - souvent - banalisés. Ils sont si fréquents maintenant qu'ils ne suffisent plus à enthousiasmer les foules là où un Stephen Curry, a titre de comparaison, n'occupe le centre de l'attention médiatique que depuis deux ou trois saisons. Cela fait déjà dix ans que LeBron est au sommet. Dix ans qu'il maltraite les défenses NBA. Dix ans qu'il marche sur la Conférence Est saison après saison. Il y a de quoi provoquer une certaine lassitude d'une partie du public et même des journalistes qui restent avant tout des spectateurs. Parler de James, parfois, c'est agaçant. Entendre parler de lui revient au même. Il a été si souvent l'homme à abattre que l'explosion de la superstar des Golden State Warriors a amené comme un vent de fraîcheur en NBA. Il est plus facile de s'identifier au gendre idéal de la Baie. Il n'est pas un monstre athlétique comme son confrère avec qui il partage la même ville de naissance, Akron, en plus d'un immense talent. Il est plus calme, sans doute même moins hautain. Comme lui, il fait lever les fans de leurs chaises et provoque la stupéfaction ou l'admiration. Sauf que là où James domine en puissance, Curry a plus d'élégance, plus de charme. Les performances de LeBron ont souvent été ramenées à son physique, celui "d'un homme parmi les enfants", voire à la pauvreté de ses adversaires. Il est simplement au-dessus. Au-dessus des standards de cette ligue, et ce depuis de nombreuses années. Et c'est pour ça qu'il est déjà mesuré et comparé aux plus grands, ce qui suscite encore une fois l'agacement. Comme s'il n'avait pas mérité sa place parmi les légendes. Comme s'il y avait toujours quelque chose qui cloche. En réalité, LeBron James est incroyablement fort. Tellement fort qu'il est devenu difficile d'apprécier son talent.

[superquote pos="d"]"Il est toujours le meilleur basketteur du monde." Gary Payton[/superquote]"Il fait tout pour son équipe", rappelle Gary Payton. "Je pense qu'il est toujours le meilleur all-around player du monde. Stephen Curry était le meilleur joueur cette année mais quel gars vous donne des points, des rebonds, des passes et fait tout ce dont votre équipe a besoin ?"

LeBron est peut-être toujours le meilleur basketteur. Le problème, c'est qu'il est parfois difficile de l'admettre. Il est demandé aux meilleurs de gagner des titres, une absurdité rendue vérité générale par Michael Jordan. Les plus grands transforment l'absurde en banal. C'est pour cette raison que les performances de James, aussi dingues soient-elles, ne surprennent plus. Jordan a gagné six titres en six participations en finales NBA. Tim Duncan a fait cinq sur six. Kobe Bryant cinq sur sept. Le King est à deux sur cinq (rectification : sur six) en attendant son sixième tour. Même les meilleurs des meilleurs ne gagnent pas à chaque fois. MJ est une anomalie. LeBron James doit réaliser l'impossible. Et quelque part, lui demander l'impossible, c'est prendre conscience qu'il est l'un des meilleurs joueurs de l'histoire. Car, encore une fois, seuls les plus grands sont capables de pareils exploits.

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