"C'est un nombre choquant. Quand j'en suis arrivé à 100 victoires, j'ai regardé Adolph Rupp (ndlr : ex-entraîneur des Wildcats de Kentucky de 1930 à 1972, alors à 876 succès) et j'ai dit : "ça, ça ne m'arrivera jamais. Jamais. Impossible. (…) A 800 victoires, j'ai eu l'impression que c'était déjà une sacrée étape. Mais 900, c'est vraiment beaucoup", confiait Boeheim la semaine passée.Carmelo Anthony, Derrick Coleman, John Wallace, Sherman Douglas, Rony Seikaly, Billy Owens, Dion Waiters, Hakim Warrick, Fab Melo, Demetris Nichols (Gravelines, Vichy, Cholet)… autant de joueurs que le natif de Lyons, dans l'état de New York, a façonné durant son incroyable carrière de coach, auréolée de trois participations au Final Four (1987, 1996, 2003) et d'un titre NCAA, remporté en 2003, avec Melo à la baguette (20 pts en finale contre Kansas). [youtube]http://www.youtube.com/watch?v=PIvdmM4OHwc[/youtube] Ces derniers jours, les louanges pleuvent lorsqu'il s'agit d'évoquer le total atteint par Boeheim. En premier lieu celles de son homologue et ami Mike Krzyzewski, avec qui Boeheim a remporté l'or à trois reprises, en tant qu'assistant-coach de Team USA (JO de Pékin et Londres, Mondial 2010 en Turquie).
"Jim est l'un des plus grands coaches de tous les temps, et c'est un homme encore meilleur", confie coach K. "Ce sera un exploit incroyable quand il aura atteint ces 900 victoires. Ce qui est encore plus étonnant, c'est qu'il aura fait tout ça avec une seule université. Jim Boeheim et Syracuse University sont des synonymes. (…) Il a resisté à l'une des épreuves les plus implacables du sport - l'épreuve du temps."Après son 899e succès face à Canisius samedi dernier, Boeheim a néanmoins tenu à concentrer son discours sur la saison en cours.
"Cette équipe se moque de savoir combien j'ai de victoires. Elle s'occupe d'empocher la prochaine victoire. C'est tout. Le reste ne compte pas. Pas du tout. Je suis content d'être encore là", ajoute Boeheim.Sauf qu'évidemment, ses joueurs ne sont pas d'accord sur ce coup-là.
"J'ai hâte qu'il atteigne les 900 victoires", souffle le sophomore Michael Carter-Williams, meilleur passeur de 'Cuse cette saison (10,8). "Il a connu des hauts et des bas avec cette fac. Il veut que chacun de nous soit excellent et qu'on joue au niveau de notre potentiel. Je pense que c'est ce qui le rend si grand."Boeheim se souvient tout de même de sa première victoire avec Syracuse, le 26 novembre 1976, contre Harvard (75-48).
"On était derrière à la mi-temps, on ne jouait pas bien du tout. On est revenus avec de quelque chose de plus simple offensivement et on les a dominé 20-6 ou quelque chose comme ça en deuxième mi-temps", raconte le coach des Orange.Le match se jouait à Springfield, Massachusetts, à quelques encablures du Hall of Fame, où il a été introduit en 2005, aux côtés de "Hubie" Brown, notamment. [youtube]http://www.youtube.com/watch?v=IRVWNkhsaq0[/youtube] Voici le détail des victoires symboliques du meilleur ami d'Otto the Orange. 1re victoire : 26 novembre 1976, contre Harvard. 100e : 9 mars 1980, contre Villanova. 200e : 12 février 1985, contre Seton Hall. 300e : 30 décembre 1988, contre St. Francis. 400e : 9 janvier 1993, contre Miami. 500e : 22 février 1997, contre Rutgers. 600e : 16 mars 2001, contre Hawaï. 700e : 26 février 2005, contre Providence. 800e : 9 novembre 2009, contre Albany. 900e : ce soir contre Detroit ? La suite ? Boeheim est bien parti pour passer devant Bob Knight - peut-être "coach K". En quatre ou cinq saisons de plus, il pourrait même franchir la barre mythique des 1000 victoires.
"J'entraîne cette année, ça, c'est sûr. Je n'ai pas prévu d'arrêter, à cet instant. Est-ce que ça pourrait changer ? Oui, ça pourrait. Mais je n'ai pas prévu d'arrêter."En tout cas, les t-shirts sont déjà prêts sur le campus… Une anecdote, pour finir, parmi les milliers qui jalonnent la carrière de Boeheim. Elle est raconté par Troy Weaver, ancien assistant-coach à Syracuse.
"D'ordinaire, le lundi était le jour sans entraînement. Mais ça signifiait aussi que Jim n'allait pas voir de matches pour recruter, parce que la plupart des matches de high school se jouaient le mardi et le week-end. Il n'avait jamais été voir jouer Carmelo et je voulais vraiment qu'il le voit. C'était au début de la saison junior de Carmelo. Je n'arrêtais pas de dire : "coach, vous devez venir voir ce gamin avec moi". Je suis allé voir Bernie Fine, qui gérait toujours le planning des entraînements, et je lui ai demandé de nous accorder un mardi off. On l'a eu et on a été voir jouer Carmelo à Towson Catholic (ndlr : premier lycée de Melo). Après cinq minutes de jeu, le coach m'a regardé et m'a dit : "Pourquoi ça t'a pris autant de temps pour me faire venir ici ?""[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=0iSYZvEFdyA[/youtube]