Il n'y a pas si longtemps, on était dans le camp des alarmistes en ce qui concerne les New Orleans Pelicans. Avec l'échec de l'expérience Stan Van Gundy, les retombées très moyennes du trade d'Anthony Davis, la blessure de Zion Williamson; les rumeurs d'un statut précaire au cas où il faudrait faire déménager une franchise, il y avait de quoi être sceptique...
En quelques mois, et grâce à un très joli et inattendu run jusqu'au 1er tour des playoffs 2022, le patron sportif David Griffin a sauvé sa place et installé l'un des projets les plus intrigants et excitants de la Conférence Ouest, pour ne pas dire de toute la NBA. Il n'y a aucun moyen de savoir si les Pelicans vont être à la hauteur de leurs objectifs, à savoir une qualification directe pour la post-saison, ou même des attentes démesurées de certains analystes.
Stephen A. Smith les a récemment décrit comme un vrai outsider pour remporter l'Ouest. La vérité se situe peut-être entre ces deux visions, mais une chose est sûre, il y a quelques très bonnes raisons de s'enticher de cette équipe cette saison. Les voici.
Le retour de Zion, évidemment
Quand on suit un joueur depuis le lycée et que l'on aime ce qu'il propose sur le terrain et la personne qu'il semble être, on est forcément un peu investis dans sa carrière. Zion Williamson était un régal observer en high school (oui, on avait même regardé cette parodie de basket face au Chino Hills de LaMelo Ball), à la fac avec Duke (oui, on a regardé 72 fois la vidéo où sa chaussure explose en deux sur un appui), et même l'espace d'une saison pleine en NBA (oui, on a voté pour lui pour le All-Star Game en 2020).
Difficile de ne pas bondir du canapé en le voyant dévaler le terrain en mode dragster malgré un gabarit pas commun et être un monstre d'énergie et de justesse dans la raquette. Le côté barklesque de Zion est aussi ce qui a plus aux "vieux" comme nous. Au niveau caractère, le garçon semble aussi être une crème, avec comme objectifs principaux dans la vie de devenir champion NBA et s'abreuver de mangas et d'animés japonais.
Forcément, en le voyant dans l'incapacité de bien soigner sa blessure au pied et de conserver une condition physique acceptable, on s'est inquiété. Idem en le voyant disparaitre des radars et être bien trop éloigné de ses camarades, que ce soit pour apparaître en marge des matches ou pour accueillir son nouveau coéquipier CJ McCollum comme il se doit (JJ Redick, son ancien partenaire, l'avait rabroué comme il se doit dans son podcast).
Toute cette période de flou, finalement assez compréhensible pour un joueur dans sa petite vingtaine et sans vraie expérience, ni connaissance des exigences du très haut niveau, est terminée. Une fois sa prolongation de contrat actée - avec certaines obligations sur le plan de la condition physique - Zion a emprunté la pente ascendante. Pris en charge par un coach personnel et visiblement mieux aiguillé par ses conseillers et sa famille, il a surmonté ce qu'il décrit comme la pire période de sa vie et va pouvoir reprendre son ascension.
Zion Williamson est plus affuté, plus déterminé et aussi, plus entouré que la dernière fois qu'on l'a vu en action. Le côté excitant de son jeu et ce qu'il est capable d'apporter en termes de domination et de pression intérieure, a de bonnes chances d'être sublimé par ce roster amélioré.
Pour ce qui est de ses objectifs personnels, ça ne surprendra personne si Zion est All-Star ou membre du deuxième ou troisième cinq de la saison. En revanche, et on sait que cette mission ne paraît pas impossible à ses yeux, quelque chose nous dit qu'il pourrait avoir son mot à dire dans la course au MVP, ne serait-ce que dans les premiers mois de la saison ou dans une liste très élargie d'ici le printemps.
Le supporting cast est excellent, le roster bien plus deep
Avoir comme options n°2 et n°2 bis Brandon Ingram, un ailier All-Star de 25 ans, capable de prendre feu offensivement, tout à fait compétent en défense s'il le souhaite, et CJ McCollum, sans doute le meilleur joueur NBA de plus de 25 ans à ne jamais avoir été All-Star, c'est un luxe que peu d'autres équipes ont.
Ajoutez à cela un jeune défenseur phénoménal comme Herb Jones, une machine à double-doubles (Jonas Valanciunas), un MVP de l'EuroBasket (Willy Hernangomez), l'exaltant kleptomane Jose Alvarado, le sniper Trey Murphy III, Devonte' Graham en 6e hommes ou les nouveaux arrivants dont la venue semble pertinente (Larry Nance et le rookie Dyson Daniels) et vous avez un cocktail franchement savoureux de prime abord.
Il y a du caractère et de la défense
On le sait, pour envisager une saison réussie et un peu mieux que de la figuration en playoffs, il faut être capable de défendre. Même si ce n'est pas la spécialité des trois meilleurs joueurs de l'équipe, Zion Williamson, CJ McCollum et Brandon Ingram, ils sont tous les trois capables de faire les efforts collectivement à côté de spécialistes.
Herb Jones est déjà l'une des clés de cette équipe, finalement. Sa capacité à défendre fort sur le meilleur joueur adverse et à coordonner l'effort global est déjà saisissante. On a aussi perçu cette science défensive chez Dyson Daniels, le rookie australien, durant la pré-saison. En termes de dureté et de capacité à intercepter des ballons, Jose Alvarado a déjà fait ses preuves. Sur le plan athlétique, NOLA a du répondant face à ce que pourront leur opposer des équipes également tournées vers un style de jeu vitaminé, grâce à ce que peut aussi apporter quelqu'un comme Larry Nance sur le plan de la verticalité.
Willie Green, à surveiller pour le CoY
Willie Green n'a qu'une seule saison comme head coach derrière lui, mais on a pu voir qu'il n'avait pas décroché son job par hasard. L'ancien joueur NBA a été un très bon assistant chez les Clippers et ce qu'il est parvenu à faire en termes d'identité de jeu et de personnalité avec les Pelicans l'an dernier est admirable. Le tout, évidemment, sans Zion Williamson, ni un effectif aussi complet que celui dont il dispose cette saison.
Green semble être un bon mix entre un "players coach", capable d'avoir un impact grâce sa capacité à dialoguer avec ses hommes, et un coach capable de naviguer dans la NBA moderne, avec les pré-requis de l'évolution du jeu sur le plan tactique. Si les Pelicans finissent dans le top 4 ou 5 à l'Ouest, il n'est pas impossible du tout que Willie Green succède à Monty Williams...
Parce que CJ McCollum a toujours disputé les playoffs
Mine de rien, avoir dans son équipe un leader de vestiaire (et de syndicat) qui n'a jamais connu de saison sans playoffs alors qu'il est en NBA depuis presque 10 ans, c'est un atout énorme. Les Pelicans ont malheureusement interrompu la folle série de JJ Redick en la matière en 2020 (13 qualifications en 13 ans) mais la dynamique est différente aujourd'hui.
Au-delà de ce bilan immaculé, McCollum est dans tous les cas d'ores et déjà une présence importante pour le groupe, aussi bien sur le terrain qu'en dehors. Ce trade réalisé juste avant la deadline avait pu rendre circonspect sur le coup, mais c'est pour le moment une franchise réussite à mettre au crédit de David Griffin.
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