Dillon Brooks a vu sa cote chuter brutalement ces dernières semaines. Il y est évidemment pour quelque chose, avec sa stratégie d'épouser le rôle de grand méchant à la langue trop pendue lors de la série contre les Lakers. Mais le réduire à un bouc émissaire serait assez injuste.
Il y a d'autres raisons pour lesquelles les Grizzlies ont été éliminés dès le 1er tour et lorsque l'on met de côté le personnage joué par le Canadien, il reste un très bon joueur de basket, qui a déjà approché les 20 points de moyenne sur une saison et a les armes pour apporter du shoot et de la défense à n'importe quelle équipe.
Maintenant que l'on sait qu'il ne restera pas à Memphis à l'intersaison - le timing et la formulation de l'annonce par Shams Charania dont d'ailleurs provoqué quelques remous - il est intéressant de se pencher sur son avenir. Brooks était un joueur important d'une équipe classée 2e de la Conférence Ouest. Il n'y a aucune raison, sauf si ses demandes salariales sont effectivement trop importantes, qu'il ne trouve pas d'endroit pour se relancer.
On suggère donc, d'ores et déjà, aux équipes suivantes, de se pencher sérieusement sur son dossier.
Les Phoenix Suns
On est en train de le voir dans cette série contre Denver : les Suns n'ont peu ou pas de profondeur de banc. Ils n'ont pas, non plus, de cinquième titulaire qui apporte de vraies garanties soir après soir, malgré les efforts de Josh Okogie et Torrey Craig. En signant à Phoenix, Brooks aurait l'avantage de jouer à la fois pour un très gros contender (sans doute même le favori n°1 pour le titre en 2024) et dans un rôle non négligeable, que ce soit dans le cinq ou en sortie de banc.
Quelle que soit l'issue de cette campagne de playoffs pour les Suns, on peut supposer que le supporting cast autour de KD, Booker, CP3 et Ayton sera remanié. Dillon Brooks serait une plus-value offensive et défensive par rapport à pratiquement tous les membres extérieurs au Big Four. En revanche, ce ne sera clairement pas l'option la plus lucrative pour le joueur, puisqu'avec l'argent déjà engagé sur la saison prochaine, Phoenix aura du mal à lui proposer autre chose qu'un contrat mid-level pour les équipes au-dessus de la luxury tax.
Les Cleveland Cavaliers
Les Cavs sont passés à côté de leurs playoffs après avoir réussi une superbe saison régulière. Il y a eu plusieurs lacunes identifiables dans cet échec, avec une raquette étonnamment surclassée au rebond et un manque d'alternatives au tandem Mitchell-Garland à la création et à la finition. Il a aussi manqué un peu de caractère à ce groupe, au contraire de Knicks pas plus talentueux mais qui ont été plus solides physchologiquement et plus déterminés.
Tiens, on demande du caractère et un peu de scoring ? Dillon Brooks pourrait être une recrue très estimable de ce point de vue-là. Forcément, le réflexe serait de se dire que ce n'est pas Brooks qui va régler les problèmes d'adresse des Cavs alors qu'il a lui même été à côté de la plaque dans cette campagne de playoffs. On peut toutefois se dire qu'il s'agissait d'un accident dans un contexte anxiogène qu'il a lui lui-même créé. Dans d'autres dispositions et avec un changement de décor, il n'y a aucune raison pour que le Canadien ne soit pas un poste 2/3 de qualité en soutien des deux guards All-Stars de l'Ohio.
Dans l'idée, pourquoi ne pas signer Brooks sur une courte période avec un salaire assez juteux ? Sur les prochaines saisons, Cleveland a tout intérêt à proposer des salaires conséquents aujourd'hui, puisqu'une fois qu'Evan Mobley aura reçu sa prolongation de contrat rookie, les Cavs seront au-dessus de la luxury tax et ne pourront plus offrir autant. Si la mayonnaise ne prned pas avec Dillon Brooks, ils pourront le trader et se tourner vers d'autres pistes, mais cela ressemble quand même une opération du type small risk/high reward.
Les Dallas Mavericks
Oui, on sait. Ajouter une personnalité comme Dillon Brooks à un vestiaire dans lequel se trouve Kyrie Irving n'est pas sans risque. Mais après tout, autant y aller à fond dans les joueurs clivants, non ? Dallas n'aura pas beaucoup d'argent à offrir à Brooks, mais ce dernier pourrait accepter un sacrifice avec le moyen et le long terme en ligne de mire.
S'il redore son blason chez les Mavs, il n'aura aucun mal à trouver un contrat bien plus juteux ailleurs. Avec les deux fous furieux de l'attaque que sont Luka et Kyrie, Dillon Brooks pourrait profiter des espaces créer et, surtout, apporter sa culture défensive. Les Mavs ont été catastrophiques en défense lors de la deuxième partie de saison et particulièrement après le trade qui a vu Dorian Finney-Smith, leur meilleur défenseur, être envoyé à Brooklyn. Brooks, sous sa meilleure version, peut être ce joueur qui donne le ton en défense, harangue ses coéquipiers et ses adversaires, tout en shootant autour des 40% à 3 points.
C'est très exactement ce dont auront besoin les Texans la saison prochaine. Ce scénario fonctionne évidemment surtout si Kyrie Irving reste, ce qui reste une inconnue à l'heure qu'il est.
Les Sacramento Kings
Tout dépendra de la décision des Kings de laisser partir Harrison Barnes ou non. Si les Californiens accordent plus de valeur à son expérience qu'à son adresse en playoffs (24% à 3 points et moins de 30 minutes cumulées sur les deux derniers matches de la série contre Golden State), l'ancien ailier des Warriors restera probablement. Dans le cas où les Kings chercheraient du neuf et auraient une vingtaine de millions de dollars libérés par Barnes à offrir, Dillon Brooks fait sens.
Le groupe coaché par Mike Brown manque d'atouts défensifs (24e défense de la saison) et a pris le bouillon par Stephen Curry dans le game 7 de la série du 1er tour. Pas de honte à ça, mais si la situation se présente à nouveau en 2024, mieux vaut avoir à sa disposition des joueurs qui parviennent à gêner ne serait-ce qu'un peu la superstar des Warriors. En 2022, lorsque Memphis et Golden State ont croisé le fer en playoffs, Brooks a contribué à faire shooter Curry à "seulement" 40% sur leurs quatre affrontements.
Plus globalement, son niveau défensif serait immédiatement l'un des meilleurs de Sacramento avec Davion Mitchell. Si on ajoute à cela un apport offensif sur le shoot extérieur qui peut redevenir intéressant, il y aura alors presque mariage de raison entre le Canadien et Sacto.
Les Houston Rockets
Que Victor Wembanyama atterrisse ou non à Houston, les Rockets ont enclenché le mouvement pour sortir des bas fonds du classement. L'arrivée d'Ime Udoka va dans ce sens. Pour grimper les échelons entre la fange et le top 10 à l'Ouest, il faudra bâtir une défense digne de ce nom et Udoka, qui avait fait des merveilles dans ce secteur à Boston, aura bien besoin d'un joueur comme Dillon Brooks pour y parvenir.
Si la reconstruction se fait en accéléré, avec une recrue clinquante comme James Harden, il faudra d'autres joueurs avec un peu plus d'une ou deux saisons en NBA, ce qui est le cas du futur-ex trublion des Grizzlies. Même si Harden revient au Texas, il restera normalement assez d'argent à Rafael Stone pour construire à la marge et convaincre un joueur comme Dillon Brooks de la pertinence de son arrivée. A la différence des quatre autres équipes citées dans cet article, les Rockets ne sont pas une franchise déjà compétitive et c'est ce qui pourrait rebuter un peu le Canadien.
En revanche, une équipe qui part de zéro ou presque et se chercher de nouveaux leaders peut parfaitement coller avec ses plans, que ce soit à court ou moyen terme.