Interview croisée avec Kevin Harley, Antony Racine et Clint Ndumba-Capela.
Comme chaque année depuis 2007, Adidas rassemble certains des tous meilleurs joueurs du globe âgés de 18 ans et moins dans un tournoi qui réunit 8 régions du globe : Le « Adidas Nations ». Chaque équipe vit une expérience unique au cours de laquelle les joueurs approfondissent leurs fondamentaux sous l’égide de coachs qui ne sont autres que d’anciennes stars NBA à la retraite.
A l’occasion de l’édition 2011, BS s’est penché sur la présence de 3 des 4 français invités à participer à l’une des plus grandes fenêtres d’exposition de l’été pour ces jeunes joueurs. Le premier, Kevin Harley est un arrière d’1,96 m issu du centre de formation de Poitiers. Il nous donne son regard sur le déroulement de l’événement. Antony Racine de l’INSEP et Clint Ndumba-Capela de Chalon sur Saône ont eux aussi accepté de nous livrer leurs impressions sur ce tournoi à travers un entretien croisé.
Ndlr :Khadim Fall (1m96, 15 ans) du centre de formation du Mans était également présent à LA.
Extraits choisis :
Basketsession : Qu’est ce que ca fait de se retrouver à L.A. ?
Kevin Harley (PB 86) : Ca fait vraiment plaisir, c’est impressionnant et vraiment énorme. Je ne sais pas trop comment t’expliquer, c’est une sensation bizarre lorsque tu arrives. Tu vois l’Amérique pour la première fois. Enfin pour moi c’était la première fois donc ça reste impressionnant, tout est différent. J’ai passé mon temps à regarder un peu partout et c’était énorme…
Antony Racine (Insep) : J’ai beaucoup apprécié la ville. C’est complètement différent de la France et de l’Europe. C’est une autre culture, une autre façon de voir les choses. C’est une autre approche du basket donc c’est vraiment une très bonne expérience.
Basketsession : Comment as tu été recruté pour participer au Adidas Nations ?
KH : Ben c’est une situation un peu compliquée quand même car je ne sais pas du tout comment ça s’est fait. C’est mon coach Andy responsable du centre de formation de Poitiers qui m’a appelé pour m’annoncer ça. Ensuite tout s’est enchainé.
Basketsession : Qui sont les autres joueurs français à participer à cette compétition ?
KH : Ben il y a un joueur de Chalon qui est avec moi Clint Capela. Il est suisse mais il joue en France et il y a aussi Antony Racine de l’Insep qui lui aussi joue avec moi. On s’est retrouvé tous les trois dans la même équipe.
Basketsession : Est-ce que vous vous connaissiez avant de partir ?
KH : Oui je connaissais Antony parce que j’avais fait des présélections en équipe de France avec lui mais sinon Clint je ne le connaissais que de vue.
Basketsession : Comment s’est déroulée votre arrivée au sein de votre équipe ?
KH : On n’est pas arrivé tous ensemble car Antony était déjà là. J’ai fait le voyage avec Clint. Dès que l’on est arrivé, on est allé retrouver le groupe. On a fait connaissance avec les joueurs qui étaient en train de manger. On a donc appris à se connaitre à table. Ca nous a fait plaisir, c’était vraiment bien. Il y avait déjà une bonne ambiance. Tout le monde se parlait et ce qui est cool dans ce groupe, c’est que beaucoup d’entre nous parlaient français. Dans notre équipe, les joueurs sont africains et pour une partie d’entre eux francophones.
CNC : Je trouve que dans l’équipe, on s’est bien entendu, tout s’est bien passé, on s’est vraiment donné à fond et on a pris du plaisir ensemble.
Basketsession : Combien y a t’il d’équipes participantes ?
KH : Je crois qu’il y en a neuf. Il y a 4 équipes des Etats Unis, une équipe d’Amérique latine, une équipe européenne, une autre d’Asie, celle d’Océanie et la sélection d’Afrique. Oui, il y en a neuf.
Basketsession : Comment se fait il que vous ne soyez pas dans l’équipe européenne ?
KH : On est dans l’équipe Afrique, car la sélection européenne est un club en fait qui vient représenter son pays. Chaque année, un nouveau club participe au Adidas Nations. Là, c’est Zagreb qui est venu représenter l’Europe.
Basketsession : D’où viennent les autres joueurs de la sélection Afrique ?
KH : C’est plein de joueurs qui viennent de partout. En fait, il faut avoir au moins l’un de ses deux parents qui soit africain. On est plein à être dans ce cas là. Deux des joueurs de l’équipe évoluaient déjà aux Etats Unis, d’autres viennent directement d’Afrique, il y a nous trois de France et les autres je ne sais pas trop.
Basketsession : Explique nous ce qu’est l’Adidas Nations ?
KH : C’est un tournoi qui regroupe des sélections de joueurs issus de chaque continent. Parfois il n’y a qu’une nation pour représenter son continent comme le cas de la Croatie. Le tournoi se divise en 2 poules. On rencontre les autres participants de notre poule et les deux premiers de chaque poule sont qualifiés pour les phases finales. Il y aura donc un Final 4 retransmis sur CBS Sports. Ca c’était l’objectif collectif de chaque équipe, participer et atteindre le dernier carré. Sinon, c’est un tournoi qui permet de se montrer aux différents recruteurs. Il y a beaucoup de coachs et de sélectionneurs donc c’est une grosse exposition. On est arrivé le 4 et ça se termine ce soir.
AR : C’est un tournoi qui regroupe des nations venues d’Asie, d’Afrique, d’Europe, il y avait même des équipes d’Océanie et pour la première fois il y avait quatre équipes américaines. C’est un camp de formation qui permet aussi aux différentes nations de s’opposer. Ca permet aux coachs universitaires et NBA d’assister aux matchs. C’est un peu aussi le but de se montrer aux scouts NBA, ça peut faciliter le recrutement dans l’avenir.
Basketsession : Comment s’est passé le tournoi pour vous ?
KH : Ca s’est plutôt bien passé. On a gagné deux matchs et on en a perdu deux. On a perdu contre les deux équipes des Etats Unis, une défaite de 20 pts et une de 8. Du coup, on ne passe pas pour le final 4, et c’est dommage parce que je pense qu’il était possible de battre une des deux équipes des Etats Unis. Il y a tout de même un petit regret pour chacun des joueurs mais voilà, c’est comme ça. Autrement, c’était bien. Moi, j’ai trouvé ça super. Je n’aime pas trop parler anglais d’habitude mais là j’étais avec des non américains, ils parlaient un anglais moyen comme moi. Du coup, on arrivait à se comprendre, on rigolait. Franchement c’était une bonne expérience, si c’était à refaire je n’hésiterai pas.
AR : Pour moi ça s’est très, très bien passé. J’avais déjà fait un tournoi et un camp à Las Vegas pendant deux semaines. J’ai donc eu le temps de m’adapter et là l’Adidas Nations m’a permis de retrouver des sensations et du coup j’ai pu exploiter le jeu que je pratique.
CNC: Sur le terrain, ça a été. Bien que ce ne soit pas la même chose qu’en France, j’ai tout de suite saisis comment ça allait se passer. Par exemple, le dernier match contre l’Asie, je me suis éclaté. J’ai claqué cinq dunks dont un poster donc je suis content. Le bilan, c’est qu’on s’est bien débrouillé alors qu’on ne se connaissait pas. C’est juste que l’on n’a pas réussi à battre les américains sauf en match amical. Ce sont des équipes qui jouent chaque année ensemble et qui en plus ont un bon niveau donc je trouve assez logique qu’elles nous aient battu.
Basketsession : Qui a coaché la sélection ?
KH : Qui nous a coaché ? Je sais que c’est un ancien joueur NBA mais son nom, je ne serai pas en mesure de te le dire. (Ndlr ; Il s’agit de Detlef Schrempf)
Basketsession : Y a t’il des joueurs qui t’ont impressionné ?
KH : Il y en a surtout un qui était dans l’équipe des Etats Unis qui s’appelle Gabe York. Il est tout petit, il doit faire 1,80 m et il a une détente de fou, il tire. Les deux matchs que j’ai regardé il a mis 29 et 22 pts. Pour sa taille, c’est un « truc de fou ».
AR : Il y a un extérieur qui m’a marqué, Gabe York, ainsi que l’intérieur Chris Walker. Ce sont de très bons joueurs.
CNC : J’ai aimé un joueur qui est déjà suivi qui s’appelle Andre Dummond. Je pense qu’il finira premier choix de la draft dans deux ans. C’est un intérieur qui m’a impressionné.
Basketsession : As tu senti une grosse différence physiquement ?
KH : Physiquement c’est énorme ! Ils sont beaucoup plus physiques, beaucoup plus rapides et ils vont plus haut. Après techniquement, il y en a des meilleurs mais dans l’ensemble ça se vaut. Ca se vaut à peu près. Sinon, ils sont un peu fous aussi. C’est dribbles-shoots, dribbles-shoots… c’est les Etats Unis, ça va très vite.
CNC : Je suivais beaucoup les américains sur internet avant de partir. Il est clair que je n’ai pas été déçu. C’est vraiment ce à quoi je m’attendais : très athlétique, voilà ce sont vraiment des joueurs qui ont faim sur le terrain. Ce n’est vraiment pas pareil qu’en Europe. Ils n’ont vraiment pas la même mentalité.
Basketsession : A quoi ressemblait le programme quotidien ?
KH : Le 1er jour, le matin on a eu entrainement. Après on a fait un match amical contre une équipe qui n’était pas de notre poule. Tous les matins, il y avait des joueurs universitaires qui s’entrainaient avec nous. Ensuite, l’après midi on a commencé les matchs. Le jour d’après on a eu deux matchs. Hier c’était repos. Aujourd’hui, soit on aura des matchs de classement, soit c’est fini et on regarde les autres jouer les finales.
Basketsession : Quel souvenir garderas tu de l’Adidas Nations ?
AR : Je me souviendrais de l’ambiance, de l’atmosphère en terme général et le niveau de la culture basket. Ce que tu y apprends, l’agressivité, la dureté c’est primordial pour un joueur de basket. Je pense qu’à mes coéquipiers Clint Capela, Kevin Harley et moi qui venons de la France ça nous fait vraiment du bien au niveau de notre formation. C’est quelque chose d’essentiel je pense.
Les 3 français ont eu des temps de jeu conséquents. Antony Racine est celui qui s'est le mieux illustré avec de grosses responsabilités et un premier match avec 15 pts, 4 rbds et 3 passes face aux américains. De retour en France dans deux jours, les 3 joueurs rentrent positivement transformés par cette expérience américaine.