10 questions et paris pour la fin de la saison

La NBA va attaquer la dernière ligne droite de la saison régulière. L'occasion de faire le point mais aussi surtout de se projeter sur les prochaines semaines qui s'annoncent intenses.

10 questions et paris pour la fin de la saison

Quels changements pour les Boston Celtics ?

Brad Stevens et ses troupes ont perdu la première place de la Conférence, désormais propriété des Toronto Raptors, juste avant le break. Ils restent d’ailleurs sur trois revers de suite. Le coach a donc promis des changements dans la rotation. Même (surtout) dans le cinq majeur. Reste à savoir lesquels. Pour l’instant, Stevens a articulé ses principaux groupes autour de Kyrie Irving, Al Horford, Jayson Tatum et Jaylen Brown. Ces quatre hommes étaient accompagnés d’Aaron Baynes ou Marcus Morris selon les caractéristiques de l’adversaire. Le tacticien va-t-il oser toucher à son quatuor ? Un joueur est éventuellement susceptible de gratter une place de titulaire. Marcus Smart, rescapé de la deadline. L’actuel sixième homme figure dans quatre des cinq lineups les plus efficaces des Celtics depuis le début de la saison (statistique retenu : le Net Rating avec seulement les cinq à plus de 15 minutes communes). Sa maladresse est compensée par sa défense de fer. Un côté combatif qui ferait le plus grand bien à des Celtics dépassés de ce côté du parquet depuis quelques matches. Stevens a plusieurs options. Il peut décaler Tatum au poste d’ailier-fort pour faire une place à Smart tout en maintenant ses quatre meilleurs joueurs dans le cinq. Ce groupe serait résolument offensif et mobile. Une superbe lineup pour faire un run dans le deuxième ou le troisième quart temps sur un match de playoffs. Autre possibilité : le coach décide de sacrifier l’un de ses deux jeunes joueurs. Tatum ou Brown. Il rétrograde l’un des deux sur le banc – tout en lui maintenant un haut temps de jeu. Le cinq composé de Kyrie, Brown, Smart, Baynes et Horford a par exemple pulvérisé ses adversaires en 51 minutes. 114 points marqués sur 100 possessions, 82 encaissés et donc +32 de différentiel. Tatum serait alors la première option offensive en sortie de banc. Ce ne sont là que des suggestions. Ce sera intéressant d’étudier de près les choix de Stevens lors des prochains matches.

Markelle Fultz ne rejouera pas

Et tant mieux pour lui peut-être. Parenthèse : si Joel Embiid et Ben Simmons n’avaient pas préalablement manqué leur première saison, les Philadelphia Sixers auraient-ils même seulement lancé Markelle Fultz dès cette année ? Le staff et les dirigeants savaient que le joueur n’était pas en mesure de pratiquer son propre basket en raison de ses douleurs à l’épaule. Mais faire encore rater une année complète à un choix de draft haut placé, ça ne le faisait vraiment pas après les forfaits du Camerounais et de l’Australien les saisons précédentes. Alors les Sixers ont poussé Fultz. Il est devenu la risée du net. Ses lancers-francs ont fait le tour de la planète et ses difficultés ont alimenté les débats, les articles et les discussions. Soit beaucoup de pression pour un jeune homme de 19 ans dont l’entourage ne serait pas toujours bienveillant selon son propre coéquipier (Embiid). La douleur physique a disparu mais le premier choix de la draft 2017 est visiblement encore traumatisé. Alors autant qu’il reste au chaud. Qu’il bosse mentalement et reprenne doucement ses marques. Pour l’instant, il a donc joué quatre matches pour 6 points de moyenne, 33% aux tirs, aucun shoot lointain tenté, 2,3 rebonds, 1,8 passe et 50% aux lancers en 19 minutes.  

La lutte pour les playoffs à l’Ouest s’annonce fantastique

Il y chaque année plusieurs équipes dans un mouchoir de poche au coude à coude pour accrocher la huitième place qualificative. L’an passé, c’est surtout la Conférence Est qui a animé cette course avec trois équipes pour deux places décidées le dernier soir de la saison. C’est désormais sur la côte Ouest que la lutte promet d’être intense jusqu’au bout. Il y a finalement très peu d’écart entre Oklahoma City, cinquième avec 33 victoires, et Utah, dixième avec 30 succès. Soit six équipes. Les quatre installés en deuxième partie de top huit n’ont pas intérêt à flancher. La dynamique parle en faveur du Jazz qui vient d’enchaîner onze succès de suite. Mais les Clippers ont un groupe plus expérimenté et les Pelicans ont le meilleur joueur possible (Anthony Davis) entre ses trois équipes. Au moins deux de ces trois franchises seront déçues d’ici avril.

La lutte pour le first pick aussi

Il y a rarement eu autant de candidats au cours des dernières années. Un vrai tank-a-ton. Huit équipes affichent vingt victoires ou moins au compteur. Quatre dans chaque Conférence. Les Bulls sont peut-être déjà hors course. L’effectif est rempli de jeunes joueurs mais ces derniers sont bien plus productifs que ceux des autres prétendants au pire bilan NBA. Le staff n’a pas vraiment de mesure à mettre en place pour essayer de gagner moins. Chicago peut même aller se rapprocher des trente victoires, quitte à ne piocher qu’avec le huitième ou neuvième choix en juin. Par contre, pour les autres, il y a fort à parier que les vétérans soient soudainement mis sur le banc. Ou passent moins de trente minutes sur le terrain (contre 35 en début de saison…). On pense à Orlando, à Memphis, à Sacramento, à Dallas. Les Marc Gasol, Dirk Nowitzki et compagnie peuvent s’estimer en pré-vacances. Les Nets n’ont pas de pick mais ils sont nuls. Les Suns et les Hawks sont eux aussi catastrophiques. Tous veulent la même chose : une potentielle future superstar à la draft. Et ce tanking de masse démontre que la cuvée 2018 – avec Luka Doncic, DeAndre Ayton, Marvin Bagley III et consorts – fait décidément saliver les pires franchises NBA.

Frank Ntilikina va finir la saison dans le cinq des New York Knicks

Nous le réclamions depuis un moment. A vrai dire depuis qu’il était acquis que la franchise de Big Apple ne pourrait pas atteindre les playoffs. Le New York Post l’évoque désormais avec insistance : a priori, le staff va céder et compte enfin laisser ses jeunes pousses au pouvoir. Emmanuel Mudiay, Tim Hardaway Jr et donc Frank Ntilikina. Le Français devrait alterner avec Mudiay sur les postes un et deux. Il était temps qu’il ait sa chance. Un meneur a besoin de temps pour se développer. Ntilikina n’est peut-être pas prêt mais c’est justement une raison de plus pour lui donner plus de responsabilités. Plus d’erreurs à faire. Et donc plus d’occasions d’apprendre. Cela devrait commencer dès jeudi soir contre Orlando.

Cleveland va finir en trombe

Don’t believe the hype mais un peu quand même. Invaincus (ça va, il n’y a eu que trois matches) depuis la deadline, les Cleveland Cavaliers semblent revigorés par leurs nouvelles recrues. Leur effectif a plus de sens, leur vestiaire est assaini et LeBron James cache des bouches. Ça sent la vraie montée en puissance avant les playoffs. Avec une petite série à sept ou huit victoires consécutives par exemple.

LeBron James va défier James Harden dans la course au MVP

Les deux dernières propositions sont liées. Le GM des Cavaliers a promis que le King était « rajeuni » par les transferts opérés le soir de la deadline. Les déclarations et les performances de la superstar depuis lui donnent raison. James a arrêté de tirer la tronche. Il était à 23 points et 22% derrière l’arc en janvier. Bien en-dessous de ses standards habituels (et surhumains). Mais il a donc repris du poil de la bête. 27,7 points, 49% aux tirs, 9,3 rebonds et 12,3 passes depuis qu’il ne partage plus la balle avec Isaiah Thomas. Avec surtout un différentiel de +11,3, lui qui affiche pourtant un +/- négatif (-0,1) depuis le début de la saison ! Si les Cavaliers terminent forts avec un excellent LeBron, cette dynamique va peser dans la tête des votants. Et ce même si James Harden est le grandissime favori. Le barbu est le meilleur joueur de l’équipe qui dispose du meilleur bilan. Il est premier aux points (31), au PER (30) et troisième aux passes (9). C’est son année. Mais la course sera peut-être plus serrée que prévue. Surtout que, pour une raison ou une autre, les votants ont toujours tendance à trouver des éléments à reprocher au patron des Houston Rockets.

Les Warriors vont resserrer la vis en défense et KD sera favori pour le DPOY

Il n’y a que quatre joueurs qui ont été élus MVP et DPOY au cours de leur carrière. Hakeem Olajuwon, David Robinson, Michael Jordan et Kevin Garnett. Et donc bientôt Kevin Durant ? La superstar a pris le rôle de Draymond Green cette saison. La tour de contrôle défensive des Warriors, c’est KD. Il est d’ailleurs cinquième aux contres (1,9). Seul problème : les champions en titre ont tendance à se la couler douce en défense. Ils se classent tout de même à la cinquième place en termes d’efficacité de ce côté du terrain. Avec plus de rigueur et de concentration, ils peuvent vite remonter au classement. Surtout que les playoffs approchent. A ce moment-là, la candidature de Durant aura évidemment plus de poids.

Russell Westbrook va-t-il encore finir avec un triple-double de moyenne ?

25,4 points, 9,4 rebonds et 10,4 passes. La saison de Russell Westbrook est quasiment aussi dingue que celle de l’an dernier, quand il était élu MVP. Avec Carmelo Anthony et Paul George à ses côtés cette fois-ci. Il lui faudra prendre un paquet de rebonds pour repasser au-dessus de la barre des dix. En revanche, il n’y a plus Enes Kanter pour bloquer tous ses adversaires avec des écrans-retards avant de le laisser chopper la prise. Le Thunder a surtout des ambitions plus collectives avec une équipe capable de faire du bruit en playoffs.

Les Spurs vont-ils descendre sous les 50 W pour la première fois depuis 1997 ?

Autre question en introduction : Kawhi Leonard va-t-il vraiment rejouer cette saison ? Cela semble vraiment mal parti. San Antonio a pour tradition d’hausser son niveau de jeu dans la dernière ligne droite. Justement après le break. Mais avec son meilleur joueur. Tim Duncan à l’époque, Tony Parker ou Manu Ginobili ensuite et Leonard depuis son ascension. Cette équipe appartient pour l’instant à LaMarcus Aldridge. Il a parfaitement tenu son rang. L’interrogation peut sembler folle. Les Spurs affichent pour l’instant 35 victoires et 24 défaites. Mais il faut étudier de plus près ces succès. Les hommes de Gregg Popovich massacrent surtout les formations les plus faibles. Ils sont à 23-5 contre les franchises à moins de 50% de victoires. 12-19 contre les autres. Ce qui témoigne de deux choses : a) le collectif des éperons, le coaching de Popovich font la différence contre les mauvaises équipes b) il faut une superstar pour battre les meilleures équipes. Le basket est un sport collectif où un seul homme peut faire la différence. L’absence de Leonard, c’est peut-être justement l’écart entre une saison à 55-60 victoires et un autre à 45-50 succès.