Fox et le fantasme de la deuxième star à côté de Wembanyama

A dix jours de la trade deadline, on en a l’habitude, les rumeurs foisonnent, celles concernant les stars en particulier. En ce moment on a droit à celle envoyant De’Aaron Fox à San Antonio car sa femme en est originaire et qu’il apprécierait de jouer avec notre Victor national. Rien de surprenant à voir les Spurs dans les rumeurs de trade puisqu’ils possèdent en Wembanyama, LE joueur rare qu’on estime capable d’emmener son équipe au titre. Reste donc plus qu’à construire autour de lui.

Il faut avoir beaucoup de chance pour posséder un tel talent dans son effectif mais une fois que c’est le cas, c’est au GM de jouer et de savoir l’entourer. La situation Wemby-SA n’est comparable qu’à une poignée d’autres dans un passé récent.

Embiid aux Sixers

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les différents front offices qui se sont succédé ont tout essayer pour aider le collectionneur de passeports. Via la draft du meneur et formidable défenseur Ben Simmons dont on oublie qu’il était considéré parmi les meilleurs joueurs de la ligue (all nba third team 2020, 2è au DPOY 2021), plus récemment celle de Tyrese Maxey en mode dragster guard capable de dégainer de loin. Ils ont essayé via des trades de lui associer Jimmy Butler (pour finalement le laisser partir) et Tobias Harris (pour finalement le garder over Jimmy). Ils ont fait venir une deuxième superstar en la personne du MVP 2018, James Harden. Rien n’a fonctionné. Ou plutôt, tout a fonctionné… Jusqu’aux playoffs durant lesquels le corps ou/et la tête de Big Jo n’ont plus répondu.

Difficile de tirer des conclusions de cet exemple tant le franchise player n’a pas su répondre présent au mois d’avril.

Doncic aux Mavericks

En 2019, au bout de 18 mois dans la ligue (comme Victor actuellement), Luka voit arriver une deuxième star à ses côtés, Kristaps Porzingis. Entre blessures et jalousie, c’est un échec total. Dallas fait les playoffs sur le talent du slovène et des role players qui l’entourent et non sur l’association de deux stars. Cela ne décourage pas les Mavericks qui vont frapper encore plus fort en 2023 en faisant venir Kyrie Irving. Les deux joueurs forment un backcourt excitant mais cela n’empêche pas les Mavs de rater les playoffs pour la première fois depuis la saison rookie de Luka. La saison suivante Dallas est 8è à l’ouest à la trade deadline. Nico Harrison a alors la bonne idée de faire venir Daniel Gafford et PJ Washington. Fin de saison en trombe et finales NBA.

L’expérience des Mavs prouve que l’apport d’une deuxième star n’est pas suffisant sans des role players qui leur conviennent parfaitement.

Antetokoumpo aux Bucks

Contrairement à Luka qui a prouvé sa valeur dès ses premiers matchs, il a fallu 4 ans de développement à Giannis pour prouver qu’il était ce type de joueur. Nous sommes en 2017 et Milwaukee a déjà en son sein un joueur intéressant pour l’accompagner en la personne de Khris Middleton. Intéressant mais loin d’être une star. Le talent de Giannis permet aux Bucks de dominer la conférence Est deux années de suite avant de tomber en playoffs (face au Toronto de Kawhi puis le Heat de Butler dans la bulle). A l’intersaison 2020, Milwaukee passe enfin à l’action pour entourer le greek freak. Bienvenue Jrue Holiday, défenseur exceptionnel, mais pas une star à proprement parler. Le titre arrivera à la fin de la saison. Milwaukee a tenté le coup Lilliard l’an dernier mais a dû se séparer d’Holiday dans l’opération. Au bout de 18 mois, l’ajout d’une deuxième superstar aux côtés d’Antetokoumpo n’est pas une franche réussite.

Les Bucks ont réussi à gagner un titre en entourant leur superstar de joueurs qui oscillent entre all-star et role players +++ (Lopez, Middleton, Holiday). Il est trop tôt pour se prononcer sur l’association d’un duo de superstars.

Jokic aux Nuggets

Un peu à l’image de Giannis, il a fallu plusieurs saisons avant de comprendre que le serbe faisait partie de la catégorie des franchise players. Quand les Nuggets l’ont compris, ils ont estimé qu’ils avaient déjà les joueurs majeurs pour l’accompagner (Murray, Porter Jr) quitte à les surpayer et ont choisi, plutôt que d’un blockbuster trade, d’améliorer leur équipe, année après année, par petites touches. D’abord en faisant venir Aaron Gordon, identifié comme le complément parfait de Jokic. Puis en tradant pour KCP, le complément parfait de Jamal Murray sur les lignes arrières. Et cette saison en signant le MVP 2017, Russell Westbrook, pour un prix dérisoire.

Les Nuggets n’ont pas estimé nécessaire d’aller chercher une deuxième star pour accompagner leur génie. En ajoutant de la défense et un fit évident avec leurs forces déjà présentes, ils ont pu gagner un titre.

La vérité d’une franchise n’est pas forcément celle d’une autre. Cependant on remarquera tout de même qu’une deuxième superstar n’est pas une obligation pour aller au bout. Loin de là. Ce sera d’autant plus le cas demain avec le cba en vigueur. Il appartient maintenant au GM des Spurs, Brian Wright, de définir quels types de joueurs conviennent le mieux pour aider Wembanyama à emmener San Antonio jusqu’au titre. Avec une autre star. Ou pas.

 

Dans tes exemples, Giannis et Jokic sont draftés bas (15eme et second tour) et performent à un niveau all star après 4 5 saisons. Les franchises n'ont donc aucune certitude du niveau qu'ils atteindront et doivent continuer à drafter et construire sans accélérer le projet.
Embiid (sans compter ses 2 premières saisons DNP) et Doncic sont à plus de 20 pts par match en saison 1 et all star dès la saison 2. Ils s'imposent de suite comme les franchise players de leur équipe et donnent une direction claire pour construire et accélérer le pocessus.
A mon sens, les spurs doivent accélérer le projet pour qu'il se développe au même rythme que Victor. Ils l'ont fait l'été dernier avec les arrivées de Paul et Barnes. Ce serait une bonne idée de signer Fox à la deadline ou cet été.
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Comparaisons très intéressantes. Pas évident de comparer d'ailleurs. Fox brille au Kings, mais si on le met aux côtés de Jokic l'année du titre, est-ce qu'il ne sort pas des stats plus proches de celles d'un Murray (saison régulière) ? Avec tout le respect que j'ai pour les Kings, c'est une star parce qu'il est aux Kings, est-ce qu'il en serait une aux Nuggets avec Jokic, ou aux Spurs avec Wembanyama ? Peut-être, je n'ai pas de réponse, mais juste pour dire que la notion de star est finalement dépendante en partie du contexte

Et totalement d'accord sur la conclusion, il n'y a pas d'obligation, il faut construire intelligemment. Et créer un groupe et contexte qui fassent en sorte que si tu n'as qu'une star, tes joueurs très très solides puissent se transformer en star quand l'occasion se présente (Murray qui hausse le ton dans les Finales 2023 par exemple).
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