ITW Joffrey Lauvergne :  » Je n’irai pas en NBA si je n’ai pas de garantie »

En 6 mois, Joffrey Lauvergne a gagné sa place au Partizan, été drafté et intégré l’équipe de France pour la préparation à l’Euro. Entretien avec le jeune français qui a pris deux ans de maturité.

ITW Joffrey Lauvergne :  » Je n’irai pas en NBA si je n’ai pas de garantie »
En mois d'un mois, Joffrey Lauvergne a quitté le banc de Chalon pour rejoindre Valence. Quelques semaines plus tard, c'est dans le starter du Partizan qu'il trouvait sa place, aux côtés de son ami Léo Westermann. Cette année a été très mouvementée pour Joffrey Lauvergne et elle n'est pas terminée. Drafté par les Denver Nuggets, le jeune Français tente aujourd'hui de gagner sa place en équipe de France pour l'Euro en Slovénie en septembre prochain. Joffrey nous a accordé quelques minutes pour revenir sur son aventure au Partizan et discuter de ses ambitions personnelles. BasketSession : Comment tu vas après cette saison mouvementée ? Joffrey Lauvergne : Ça va, je n’ai pas eu beaucoup de vacances mais j’ai quand même bien récupéré. J’ai réussi à couper 10 jours. J’ai repris l’entraînement une semaine avant d’arriver ici. Mais là ça va, je suis bien. BasketSession : Ça s’est passé comment après la draft ? J.L. : Après la draft, je suis allé à Denver 3-4 jours pour rencontrer le staff, les coaches et tout. Je me suis un peu entraîné d’ailleurs et je suis rentré en France ensuite. BasketSession  : Surpris d’avoir été sélectionné ? J.L. : Je suis content évidemment. Mais de toute façon, je voulais rester au Partizan. Après, je me dis que le fait d’être free agent peut être bien. En fait, mes agents m’avaient conseillé de faire les workouts. Je n’étais pas trop pour parce que j’estime que ce ne sont pas 20 minutes de 3 contre 3 qui changent les choses. J’ai changé d’avis et j’ai bien fait. C’est quelque chose de positif d’être drafté. [superquote pos="d"]"Je n’irai pas en NBA si je n’ai pas de garantie"[/superquote]BasketSession : Tu parles beaucoup de ton attachement au Partizan et au jeu européen. Qu’est-ce qui te manque aujourd’hui pour de nouveau passer un cap ? La NBA reste un objectif ? J.L. : Je n’ai pas encore fait l’Euroleague avec le Partizan et c’est ce qui manque. J’espère qu’on va pouvoir faire quelque chose, aller au Top 16. Le truc, c’est que je ne sais pas encore ce que je veux faire après le Partizan. Ça dépend de ce que l’on me propose en NBA. Je ne veux pas aller là-bas si je n’ai pas la certitude de jouer. Comme tu le sais, j’adore l’Europe. Et après le Partizan, je sais que je pourrais essayer d’intégrer de gros clubs européens. Donc il y a moyen de s’amuser, jouer et gagner autant voire plus d’argent qu’en NBA ici. Ce qui est certain, c’est que je n’irai pas en NBA si je n’ai pas de garantie. BasketSession : Quand tu es arrivé au Partizan, tu as retrouvé Léo qui était déjà bien installé dans l’effectif. Ça a été un avantage ? J.L. : Bah le plus, c’est que Léo ce n’est pas juste un coéquipier, c’est un vrai pote. Bon après, le coach s’en fout que je sois le pote de Léo ou pas. Mais ça aide de ne pas se retrouver seul quand on arrive. J’ai eu de la chance parce qu’à Valence, il y avait Flo et Mike est arrivé. Le Partizan, ce qu’ils ont fait pour moi en 6 mois, c’est incroyable. Ils ont coupé le gars qui était devant moi, ils m’ont donné 35 minutes de jeu. Si je suis en équipe de France aujourd’hui, c’est grâce à eux. Ils m’ont fait confiance, j’ai progressé là-bas. BasketSession : Lors d’une interview pour REVERSE, Léo nous avait parlé des longs, nombreux et rigoureux entraînements... J.L. : C’est vraiment un truc de fou mais, souvent, les gens font le parallèle avec les entraînements de l'ancien coach à Vitoria Dusko Ivanovic et c’est encore différent. De ce que j’ai entendu dire, c'était un coach vraiment dur, pas forcément sympa. Nous, Dusko Vujosevic est comme un deuxième père pour chacun d’entre nous. C’est à la fois un préparateur physique, mental, un psy… Il nous demande de nous battre et d’être sérieux à l’entraînement. Si tu fais ce qu’il dit, il peut tout te pardonner. Psychologiquement, ce n’est vraiment pas dur et c’est ce qui permet peut-être de tenir toute la saison physiquement. Quand tu commences l’année en prenant 30 points par le Red Star et que tu la finis en gagnant contre eux de 10 points, tu vois ta progression. BasketSession : Le Partizan et le Pionir sont réputés pour l’ambiance complètement folle qui y règne. On ressent les choses comment quand on est étranger dans cette équipe ? J.L. : Au début, quand je suis arrivé, ça me faisait sourire. Je voulais juste jouer quel que soit l’adversaire. Après, comme je l’ai dit, le coach aime beaucoup parler, il nous explique les choses. Et plus tu avances dans la saison, plus tu te prends au jeu. Et le derby devient un match spécial même pour toi. Bon le contexte est vachement politique. Mais à la télé, dans les rues, tout le monde en parle. C’est le sport numéro 1 là-bas. Les gens savent qui tu es. C’est une ambiance très particulière et même pour les étrangers. Et que tu sois Français ou Serbe, les fans te considèrent de la même manière. Quand tu aimes les gens et le club pour qui tu joues, tu as envie de tout donner pour eux. [superquote pos="d"]"Certains fans ont des flingues et ils tirent à blanc dans la salle"[/superquote]BasketSession : Qu’est-ce qui t’a le plus surpris/choqué là-bas ? J.L. : J’ai vu tellement de choses, y’a beaucoup trop de choses à raconter. Quand je suis arrivé, y’a un truc qui m’a fait flipper. En fait, quand tu es dans la salle, t’as des panneaux qui disent que les flingues ne sont pas autorisés. Sauf que certains en ont et ils tirent à blanc dans la salle. Les premières fois, j’ai cru qu’on se faisait vraiment tirer dessus. Sinon pour la finale, une partie de la salle est réservée aux supporteurs de l’équipe adverse. Quand tout le monde se met à allumer les fumigènes, tu ne vois plus rien. Après, voilà, c’est tout le temps une ambiance exceptionnelle. Il y a les matches arrêtés parce que des gars se battent sur le terrain… BasketSession  : La Grèce avec l’Olympiakos et le Panathinaikos c’est aussi quelque chose… J.L. : Je pense que c’est la même ambiance mais, la vraie différence, c’est que nous les fans sont là à tous les matches. Pour le Pana ou l’Oly, c’est sur les grosses affiches sinon il n’y a personne. Au Partizan, 9 fois sur 10 la salle est blindée. BasketSession : Pour en revenir à l’équipe de France quand même, tu es surpris d’avoir vu ton nom dans la liste des pré-sélectionnés ? J.L. : C’est dû aux absences. Après, tout le monde était un peu étonné, mais quand on voit où j’étais il y a 6 mois, ça a été très, très vite… Je suis vachement content d’être là, ça veut dire que j’ai bien travaillé. Les générations changent petit à petit, il faut intégrer de nouveaux joueurs. Et je suis aussi très content d’être là avec Léo et Evan. BasketSession : Avant ta génération, il y a celle de Nicolas, Antoine and co qui attend son tour. Vous vous dites qu’il ne faut pas être trop pressés ? J.L. : Je m’en fiche (rires). Je vais faire mon truc. Je respecte les anciens pour tout ce qu’ils ont fait. Mais je suis aussi là pour travailler, progresser et essayer de gagner ma place. C’est ce que j’ai appris en Serbie.