Scouting : La Lituanie, dernier danger de l’équipe de France

Ce soir, en finale de l'Eurobasket 2013, c'est une équipe de Lituanie solide et dangereuse à laquelle l'équipe de France devra faire face. Décryptage.

PersonnePar Personne | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Scouting : La Lituanie, dernier danger de l’équipe de France
Vous connaissez le tableau : La Lituanie, un pays d’un peu plus de 3 millions d’habitants (En VO “Trys Milijonai” l’hymne du basket local), avec le basket élevé au rang de religion. Contrée où les gens ne travaillent pas quand l’équipe nationale joue, où le rugby, le foot et le hand sont des sports mineurs, où les filles sont... euh... Enfin... Disons qu’il n’y a qu’à New York qu’on ressent le basket aussi fort. L’adversaire qui se dresse, en finale de l’Eurobasket 2013, face à l’équipe de France, promet tout sauf une partie de plaisir à Parker et son orchestre. Une vraie bataille. L’équipe balte est une des plus denses, physiquement et techniquement, du tournoi. Présentation, sous divers angles.

L’historique

Dès la 2ème édition de l’Eurobasket, la Lituanie remporte le titre, chez le voisin Letton. Cette année-là, la France termine à la 3ème place. Le pays réalise le back-to-back l’année suivante, à Kaunas, avant de disparaître, « absorbée » par l’URSS. Le basket de l’Union, pendant environ 45 ans, sera totalement redevable à ce petit pays, dont les joueurs –Sabonis, Marciulionis, Kurtinaitis, Chomicius- sauront aller chercher l’Or Olympique à Séoul face au Team USA. La réapparition de la Lituanie dans le concert des nations se fait en 1992, à Barcelone, on connaît la suite. Depuis 20 ans, on les croit morts, ou en fin de cycle, et depuis 20 ans, à chaque fois, il y a quelque chose au bout ou presque. L’Euro 2011, à domicile, reste un traumatisme sur le point d’être soigné. La dernière fois que la France et la Lituanie se sont affrontées pour jouer une médaille, c’est lors de l’Euro 2003, aka l’Euro de la discorde, début de la traversée du désert pour l’EdF. Victoire 74-70 des Lituaniens en demie finale. [youtube hd="1"]http://www.youtube.com/watch?v=xV1oaJ6azIg[/youtube] Les Baltes ont, ensuite, décroché le titre, en finale, face à l’Espagne (rien que de l’écrire, c’est agréable). Le groupe de l’époque est constitué de grands noms du basket Européen (Jasikevicius, Sickauskas, Macijauskas, Salenga, les Zukauskas brothers, et, déjà, Ksystof Lavrinovic, sorti de prison quelques mois avant. France et Lituanie ne se sont jamais rencontrées lors d’une finale internationale senior.

Le palmarès

Aux JO : 3 médailles de bronze (1992, 96, 2000) Au CM : 1 médaille de bronze (2010) A l’Euro : 3 médailles d’or (1935, 37, 2003), 1 médaille d’argent (1995) et 1 médaille de bronze (2007) Autrement dit, du solide ! A ranger parmi les nations les plus compétitives du basket mondial.

Le coach

Jonas Kazlauskas, a un CV long comme le bras. Rompu aux joutes internationales, que ce soit en club (Zalgiris, Lietuvos rytas, Olympiakos, CSKA), mais aussi en sélection (Lituanie de 97 à 2001, Chine, Grèce, puis à nouveau Lituanie). Kazlauskas fait partie de l’entourage proche d’Arvydas Sabonis. Il n’est pas réputé pour être un coach spécialement défensif. Sa victoire finale en Euroleague, avec Zalgiris en 1999 s’est faite à contre-courant des tendances de l’époque, en rupture totale avec le style hyper défensif et sous contrôle, l’identité d’alors en Europe. Son premier assistant, Darius Maskoliunas, est dans le roster de 1999. L’autre assistant, Gintaras Krapikas, a également joué et entraîné Zalgiris. Coach côté et référencé, il a cependant laissé une impression mitigée lors de sa dernière expérience en club, au CSKA. Sa nomination, par Arvydas Sabonis, quelques mois après l’échec de l’Euro 2011, est une demi-surprise, l’option d’un coach étranger n’étant cependant pas envisageable pour les mentalités locales.

L’équipe, principales caractéristiques

Relativement équilibré, le groupe fait cependant face, depuis plusieurs années, à ce qui attend bientôt la France, malheureusement : Difficile de gérer l’après Jasikevicius. Esthète du pick-and-roll, à la fois totalement cintré et génial, meneur et leader de génie, son maillot est actuellement trop grand pour les joueurs à disposition de Kazlauskas. Mantas Kalnietis est tout sauf un gestionnaire. Tomas Delininkaitis, éternel soutier en rotation ne fait pas rêver les ménagères, alors les coaches, n’en parlons pas. Astucieusement, cependant, Jean Kazlok (Oui, francisé, ça sonne bizarrement), a su transformer cette faiblesse réelle en force de frappe. Le technicien balte fait donc très régulièrement évoluer son équipe dans une configuration atypique, et plus moderne, à 2, voire 3 arrières. Kalnietis est donc, de ce fait, assez souvent associé à Renaldas Seibutis –au moins aussi cinglé que le regretté Arvydas Macijauskas- et/ou Martynas Pocius. L’option à 3 arrières, parfois utilisée pendant l’Euro, est dévastatrice. La complémentarité et l’entente entre les tres amigos est un première problème à résoudre. L’agressivité permanente du trio est une des clés de sa réussite offensive. La ligne arrière lituanienne, comme le veut la tradition, est un danger permanent, sauf que contrairement aux campagnes passées, les arrières sont moins dans le tir que leurs ainés. Le danger extérieur s’est déplacé vers les postes 3 et 4. Attention, chantier. Les deux maçons de service : Linas Kleiza, que l’on ne présente plus, et Jonas Maciulis, qui nous fait un peu peur. Rendement statistique assez proche, impact permanent sur le jeu, adresse extérieure et densité physique. Arrêtez tout. A l’intérieur, en plus du surcôté Donatas Motiejunas, du facteur X Jonas Valanciunas et de l’esthète Robertas Javtokas, sévissent toujours les deux Lavrinovic, capables également de se décaler sur le poste 4. Et de tirer, aussi, tant qu’à faire. La peinture est à plus de 2,10 m de moyenne, avec un vrai volume physique et technique qui sera très difficile à bouger. La Lituanie est à 7-1 sur l’Euro quand elle score au moins 70 points. Elle est également à 8-0 quand elle marque plus de points qu’elle n’en encaisse. C’est pour voir si vous suiviez. Ses deux défaites : Face à la Serbie, d’entrée, 63-56, et face à la Bosnie, 78-72. Face à l’Italie et à la Croatie, l’équipe a montré un visage extrêmement serein : Dominatrice au rebond et surtout capable de totalement contrôler le tempo de la rencontre. Italiens et Croates se sont brulé les ailes au jeu du uptempo, face au volume physique de leurs adversaires. L’organisation stratégique offensive, axée sur la mobilité, n’est pas sans rappeler les recettes fonctionnant depuis l’Alba Berlin de Svetislav Pesic, dans les années 90, qui n’hésitait pas à jouer avec 3 arrières et 2 ailiers. Le jeu de relance existe et les tirs en première intention, notamment dans les ailes basses sur transition, sont LE danger à éviter. Pas de gâchis cependant : 12,6 balles perdues de moyenne seulement ! Contrôle des rythmes et des intentions offensives, on vous dit ! Défensivement, la Lituanie peut proposer de l’individuelle, un peu de match up zone. Avec ses 11 et 12èmes hommes autour de 10 minutes par match, la Lituanie joue à 12, là où la France joue à 9. Seul Kalnietis est au-dessus de 27 minutes (32). La profondeur de banc balte permet sans doute une marge de manœuvre intéressante, que n’a pas forcément Vincent Collet. Les deux « plus faibles » temps de jeu lituaniens restant des joueurs confirmés d’Euroleague (K. Lavrinovic et Javtokas).

Quelques clés

Limiter l’impact lituanien au rebond Limiter l’adresse extérieure sur transition Tenir les duels sur les postes arrières

Le cadeau bonus

La finale de l’Euroleague 1999, entre Kaunas et Bologne : [youtube hd="1"]http://www.youtube.com/watch?v=v6AC7a-W_cQ[/youtube]
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